Rwanda : Pauline Nyiramasuhuko, première femme condamnée pour génocide par la justice internationale
Pauline Nyiramasuhuko, ancienne ministre rwandaise de la Famille et de la promotion féminine, a été condamnée à la prison à perpétuité par le Tribunal international pour le Rwanda (TPIR). À 65 ans, elle est la première femme à être poursuivie et reconnue coupable de génocide par la justice internationale.
Le vendredi 24 juin 2011, le TPIR, installé à Arusha (nord de la Tanzanie), a condamné l’ancienne ministre rwandaise, Pauline Nyiramasuhuko, ainsi que son fils Shalom Ntahobali, à la prison à perpétuité. Poursuivis pour leur rôle présumé dans les massacres et viols des Tutsis à Butare (sud du Rwanda) en 1994, ils ont été reconnus coupables de crimes de génocide et crimes contre l’humanité.
"Elle a décidé d’exterminer les familles"
Pauline Nyiramasuhuko a été reconnue coupable de sept des onze chefs d’accusation. Lors de l’audience, le juge William Hussein Sekule, président d’une des chambres de première instance du TPIR, a notamment reconnu la culpabilité de l’ancienne ministre pour génocide, conspiration en vue de commettre un génocide, extermination considérée comme un crime contre l’humanité et viol considéré comme un crime contre l’humanité.
En avril 2009, à l’ouverture du réquisitoire, le procureur Holo Makwaia avait déclaré que le génocide des Tutsis en 1994 n’aurait pas été possible sans l’implication de Pauline Nyiramasuhuko. « Au lieu de protéger les familles comme le stipulait le mandat de son ministère, elle a décidé d’exterminer les familles », avait-elle poursuivi. Devant la cour, elle dénonçait avec fermeté le rôle du fils, Shalom Ntahobali : « Il n ‘était pas loin de sa mère ; il a tué et violé.
La perpétuité pour l’ancien maire de Muganza
Le TPIR a également rendu sa décision sur le sort de quatre autres co-accusés. L’ancien préfet de Butare Sylvain Nsabimana et son successeur Alphonse Nteziryayo, ont été condamnés respectivement à 25 et 30 ans de réclusion. Les deux anciens maires de Ngoma et Muganza, Joseph Kanyabashi et Elie Ndayambaje, ont écopé quant à eux d’une peine de 35 ans de prison et d’une détention à perpétuité. Avec ces décisions de justice, le TIPR n’a pas répondu à la demande d’acquittement des avocats de la défense.
800 000 morts selon l’ONU
Avant d’être la première femme à être jugée et reconnue coupable devant une juridiction internationale, Pauline Nyiramasuhuko a été en 1992 une des quatre premières femmes au Rwanda à décrocher un poste de ministre. En poste pendant le génocide jusqu’en 1994, elle a fui le pays et s’est réfugiée à Bukavu dans l’ex-Zaïre, après la victoire militaire du Front patriotique rwandais (FPR).
Mise en cause par plusieurs organisations internationales des droits de l’homme pour son rôle présumé dans le génocide rwandais, Pauline Nyiramasuhuko avait été arrêtée au Kenya en juillet 1997 et transférée pour jugement au TPIR.
Selon l’ONU, le génocide des Tutsis commis à l’instigation du régime extrémiste hutu a fait au moins 800 000 morts. (avec AFP)
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