Jean Ping critique les livraisons d’armes par la France aux rebelles libyens
Le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, a critiqué les livraisons d’armes en Libye qui risquent selon lui de déstabiliser les États de la région. La France a reconnu avoir procédé au largage « d’armes légères », mais affirme rester dans le cadre des résolutions de l’ONU. Ce que conteste la Russie…
Mis à jour à 14h59
Après les révélations de parachutage d’armes par la France à destination des rebelles libyens, l’Afrique s’inquiète. Et c’est le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, qui se fait le porte-voix de cette inquiétude.
Parlant des armes livrées par « toutes les parties » (y compris Mouammar Kadhafi lui-même), Jean Ping a assuré avoir « la preuve qu’elles sont déjà entre les mains d’Al-Qaïda » à des journalistes dans la capitale équato-guinéenne Malabo, où doit se tenir le sommet des chefs d’État de l’UA à partir de ce jeudi. « Ces armes seront utilisées et serviront à destabiliser les États africains », a-t-il encore déclaré.
"Un problème pour tout le monde"
Jean Ping a toutefois pris garde de ne pas viser directement la France. « Ce qui nous inquiète n’est pas qui donne quoi », a-t-il notamment affirmé.
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Mais ces déclarations interviennent au lendemain des révélations sur des livraisons d’armes par la France aux rebelles libyens.
C’est le quotidien français Le Figaro, qui a dévoilé l’affaire, assurant que Paris parachutait des lance-roquettes, des fusils d’assaut, des mitrailleuses ainsi que des missiles antichars Milan à destination des tribus berbères de la région du Djebel Nafusa, située au sud de Tripoli. Certaines sources évoquaient même la fourniture de « chars légers ».
Le respect des résolutions de l’ONU fait débat
Paris a reconnu que des livraisons d’armes avaient eu lieu mais a affirmé qu’elles se limitaient à des « armes légères […] type fusil », comme moyen de « défense […] pour éviter que les civils soient massacrés ».
La différence est importante, et c’est précisément sur ce point que s’appuie la France pour affirmer qu’elle ne viole pas les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU avec ses livraisons d’armes.
La résolution 1970, votée en février impose en effet un embargo sur les armes à destination de la Libye. Mais l’article 4 de la résolution 1973, votée en mars, permet des livraisons dans le cas où elles permettraient de protéger les civils.
Moscou demande des "explications"
Britanniques et Américains, qui ne participent pas à ces opérations de parachutage d’armes, ont apporté un « soutien » gêné à la France. « Nous pensons que les résolutions de l’ONU permettent, dans certaines circonstances limitées, que des armes défensives soient fournies, mais le Royaume-Uni n’y a pas pris part, a ainsi déclaré Gerald Howarth, secrétaire d’État britannique à la Défense. D’autres pays interprètent les résolutions à leurs manières. »
La Russie est quant à elle montée au créneau, réclamant des « explications » de Paris. « Nous attendons la réponse. Si cela se confirmait, ce serait une violation grave de la résolution 1970 du Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par les agences russes.
Le dossier libyen sera au cœur des discussions des chefs d’État et de gouvernement du continent réunis à Malabo pour le 17e sommet de l’UA jusqu’à vendredi.
Si plusieurs chefs d’État ont fait connaître leur hostilité au maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi, l’UA continue d’appeler à un cessez-le-feu et à des négociations. Une déclaration commune sur la situation en Libye devrait être signée par l’ensemble des chefs d’État d’ici à la fin du sommet. (avec AFP)
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