Torture : Human Rights Watch réclame que George W. Bush soit traduit en justice

Publié ce mardi, le nouveau rapport de l’ONG américaine Human Rights Watch dénonce les exactions commises par l’administration de l’ancien président George W. Bush et appelle Obama à ouvrir une « enquête criminelle » contre l’ancien président américain et plusieurs de ses ex-collaborateurs.

George W. Bush a reconnu avoir autorisé des actes de torture. © AFP

George W. Bush a reconnu avoir autorisé des actes de torture. © AFP

Publié le 12 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

« George Tenet a demandé s’il avait la permission de recourir à des méthodes d’interrogations avancées, comme le « waterboarding » (simulacre de noyade, NDLR). Évidemment, lui ai-je répondu».

C’est avec cette citation extraite des mémoires de George W. Bush que débute le dernier rapport de l’ONG américaine Human Right Watch (HWR), publié sous le titre : « Torture et impunité : l’administration Bush et les mauvais traitements infligés aux détenus ».

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Le rapport de 107 pages fait état de plusieurs cas de tortures commis par des agents de la CIA sous l’administration de l’ancien président américain. Dans un souci de crédibilité, l’organisation donne le nom de plusieurs détenus. Mais elle s’attarde sur le cas de  Zayn el-Abidin Muhammad Husayn, plus connu sous le nom d’Abu Zubaydah.

Le cas Abu Zubaydah

Car c’est pour ce dernier qu’a été conçu le « programme d’interrogation de la CIA ». L’ Agence de renseignement pensait que ce dirigeant d’Al-Qaïda détenait des informations importantes. Les différents services législatifs de l’administration américaine se sont donc attachés à légaliser l’utilisation de certaines « méthodes d’interrogation alternatives » sensées faciliter l’obtention de réponses de la part du détenu.

Une directive signée par l’ancien président aurait ainsi autorisé la CIA à « tuer, arrêter, maintenir en détention tout individu suspecté d’avoir des liens avec Al-Qaïda ». HRW souligne également l’existence de programmes de détention qui permettaient le transfert des suspects en Égypte et en Jordanie, notamment, où ils étaient « pris en charge » par les forces de sécurité locale. Sont aussi dénoncés l’existence de centres de détention secrets, où les prisonniers étaient maintenus en cellules de confinement et privés de tout contact avec le monde extérieur, sans savoir pourquoi ils étaient arrêtés.

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« Les abus systématiques (…) ont résulté de décisions prises par des hauts fonctionnaires américains qui ont choisi de redéfinir, contourner ou ignorer les règles en vigueur », explique Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch.

Voir l’interview vidéo de Reed Brody, porte-parole de HRW : "Nous avons des preuves accablantes pour ouvrir une enquête criminelle"

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George W. Bush indexé

Le rapport détaille les responsabilités des différents hommes politiques impliqués dans la mise en place de politiques de torture. Principaux visés : l’ex-président américain George W. Bush et son ancien vice-président Dick Cheney (qui a publiquement préconisé l’emploi de la torture), l’ex-secrétaire d’État à la Défense, Donald Rumsfeld et l’ancien directeur de la CIA George Tenet, dont les médecins perfectionnaient les méthodes illégales d’interrogatoires. L’ONG appelle à l’ouverture d’une enquête criminelle contre ces personnes et à la création d’une commission indépendante chargée de les auditionner, tout comme elle préconise le dédommagement des victimes.

George W. Bush est dans une situation particulière, car il a publiquement reconnu avoir approuvé le recours au « waterboarding ». Et il est également accusé par les auteurs du rapport d’avoir autorisé les programmes de détention secrète et de transfèrement par la CIA, de prisonniers à d’autres autorités moins regardantes sur les droits de l’homme, explique le communiqué de HRW.

Pour le porte-parole de Human Rights Watch, Reed Brody, (voir vidéo ci-dessus) l’administration d’Obama a une obligation légale d’enquêter sur ces crimes. Mais si la justice américaine ne le fait pas, il faut que « les autres pays (…) organisent eux-mêmes des enquêtes en vertu de leurs compétences universelles ». À l’instar de ces juges indépendants espagnols qui, en 2002, avaient lancé des procédures judiciaires concernant les pratiques illégales ayant court à Guantanamo et « d’autres crimes commis pendant la période Bush ».

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Voir ici le rapport de Human Rights watch dans son intégralité.

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