Rwanda : Kagamé ne demande pas d’excuses à la France pour son rôle lors du génocide
Lors de sa première visite officielle en France, le président rwandais Paul Kagamé a affirmé lundi ne pas attendre de la France des excuses pour son soutien au régime hutu responsable du génocide de 1994. « Je ne peux forcer personne », a-t-il déclaré.
Un pas de plus dans la normalisation des relations franco-rwandaises. Après avoir, pendant des années, exigé des excuses de la part de la France pour le rôle qu’elle a joué lors du génocide du Rwanda en 1994, Paul Kagamé a affirmé lundi, alors qu’il effectue une visite historique en France, ne plus vouloir attendre de telles déclarations de la part de l’Hexagone.
« Des excuses ou pas d’excuses, je préfère laisser ces questions aux gens qui sont concernés. Je ne peux forcer personne. Je ne peux supplier personne. Je n’ai pas à éduquer quiconque sur quoi que ce soit, chacun a sa façon de gérer les choses face à sa propre conscience », a-t-il déclaré, peu avant son déjeuner avec son homologue français Nicolas Sarkozy. Ce dernier n’a d’ailleurs jamais souhaité demander pardon au Rwanda, contrairement à la Belgique et aux États-Unis, mais il a par contre, reconnu « une forme d’aveuglement » du pouvoir envers le régime hutu, auteur du génocide de 1994.
Bons procédés diplomatiques
« L’objectif est de trouver les moyens de dépasser nos différends passés et de voir comment aller de l’avant pour bâtir une meilleure relation à l’avenir », a ajouté Paul Kagamé.
Saluant « l’honnêteté des échanges », le président rwandais s’est montré extrêmement positif en ce qui concerne l’évolution des relations entre les deux pays, soulignant que les Rwandais possédaient la « capacité à replacer les choses à leur juste place ».
Mais selon l’universitaire André Guichaoua, si le président Kagamé n’hésite pas à se montrer amène envers la France, c’est avant tout parce que le Rwanda se trouve de plus en plus isolé sur la scène internationale. Il y aurait même entre les deux pays, un échange de bons procédés diplomatiques. « Cette visite intervient à un moment où les deux parties sont en position de faiblesse » : Paris, qui « cherche à rompre son isolement dans la région des Grands Lacs », et Kigali, qui entend trouver « de nouveaux soutiens internationaux alors que ses traditionnels alliés américains se font plus distants », estime l’analyste.
(Avec AFP)
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