Algérie : tentative d’incendie troublante contre l’imprimerie d’El-Watan et d’El-Khabar

Mercredi soir, une centaine de jeunes armés de cocktails molotovs ont tenté de mettre le feu à l’imprimerie des quotidiens algériens « El-Watan » et « El-Khabar » dans la banlieue d’Alger. Le drame a été évité grâce à l’intervention des salariés de l’imprimerie et des policiers. Choqués, les journalistes dénoncent une manœuvre d’intimidation du régime.

La maison de la presse, à Alger, où « El-Watan » et « El-Khabar » ont leurs bureaux. © D.R.

La maison de la presse, à Alger, où « El-Watan » et « El-Khabar » ont leurs bureaux. © D.R.

Publié le 15 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

« Du jamais-vu. Même pendant la décennie noire en Algérie on a pas eu droit à ce genre de méthodes ». Joint par téléphone, Fayçal Metaoui, journaliste à El-Watan, a du mal à cacher son indignation. Mercredi soir, vers 21 heures 30, une centaine de jeunes se présentent devant l’imprimerie d’El-Watan et d’El-Khabar à Ain Naadja, en périphérie d’Alger. Armés de cocktails molotov, ils crient « el youm Nhargouha ! » (« aujourd’hui on la brûle »).

Les travailleurs de l’imprimerie sortent rapidement pour les dissuader de passer à l’acte. Quelques instants plus tard, la police et la gendarmerie arrivent sur place et mettent fin à l’incident. Propriété d’El-Watan et d’El-Khabar, l’imprimerie d’Ain Naadja sort cinq quotidiens, à savoir les titres propriétaires ainsi que El-Khabar Erryadhi, Liberté et El-Youm.

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El-Watan est le premier quotidien francophone d’Algérie, connu pour son indépendance et sa liberté de ton face au pouvoir et El-Khabar est son pendant arabophone. D’après Fayçal Metaoui, de nombreux jeunes de la localité travaillent à l’imprimerie et le climat social y est bon. « Il n’y a jamais eu de problèmes, explique-t-il. Il n’y a aucune explication sociale ou économique à ce qui s’est passé hier soir. La seule explication est politique ».

El Watan et El Khabar sont deux figures de proue de la presse indépendante en Algérie

"Le pouvoir se cache derrière les évènements"

Pour lui comme pour les autres journalistes d’El Watan, le pouvoir se cache derrière les graves événements de la nuit passée. Objectif : faire pression sur les journaux. La coïncidence, selon eux, est plus que troublante. De fait, la tentative d’incendie intervient seulement deux jours après l’annonce d’El-Watan de sa volonté de se doter d’une chaîne de télévision et d’une radio à la faveur de l’ouverture du champ audiovisuel annoncée par le pouvoir.

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« Ils veulent nous faire payer notre liberté de ton et notre souhait de se lancer dans l’audiovisuel », estime Fayçal Metaoui d’un ton ferme. D’après lui, il s’agit de méthodes de « voyous » et de « baltaguiyas », ces hommes payés par certains régimes arabes pour semer le trouble en période délicate.

Quoi qu’il en soit, la tentative d’incendie inquiète et fait ressurgir la crainte d’attaques contre la presse et les journalistes en Algérie. Sur son site, la rédaction d’El-Watan annonce qu’elle portera plainte avec El-Khabar dans la journée.
 

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