Égypte : violents affrontements entre manifestants coptes et forces de l’ordre

Le 9 octobre, 24 personnes ont trouvé la mort et plus de 200 ont été blessées au Caire lors d’une manifestation de Coptes sur l’emblématique place Tahrir. Alors qu’ils exprimaient leur mécontentement suite à l’incendie d’une de leurs églises par des musulmans, les circonstances précises de ce drame restent confuses.

Les violences du 9 octobre ont fait 24 morts au Caire. © AFP

Les violences du 9 octobre ont fait 24 morts au Caire. © AFP

Publié le 10 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

L’Égypte a connu dimanche ses violences les plus meurtrières depuis la révolte qui a renversé le président Moubarak en février 2011. Vingt-quatre personnes ont été tuées dans des affrontements opposant des manifestants coptes (chrétiens d’Égypte) aux forces de l’ordre dans le centre du Caire, en marge d’une manifestation qui visait à protester contre l’incendie d’une église dans le gouvernorat d’Assouan (sud).

Violences

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D’après la télévision d’État, trois militaires font partie des victimes ; le ministère de la Santé a aussi évoqué 213 blessés. Un couvre-feu a été décrété dans le centre de la capitale de 02H00 à 07H00 (00H00 à 05H00 GMT) pour tenter de rétablir le calme. La sécurité a été renforcée autour du Parlement, du siège du conseil des ministres et du musée archéologique du Caire.

Des affrontements entre musulmans armés de bâtons et chrétiens près de l’hôpital où était soignée la majorité des manifestants coptes ont fait craindre des violences à plus grande échelle. Plusieurs véhicules étaient en feu dans une grande rue voisine de l’hôpital et des manifestants coptes prenaient de l’essence des voitures pour en faire des cocktails Molotov.

Mais, selon un journaliste de l’AFP, les violences avaient cessé en fin de soirée, alors que des musulmans marchaient vers l’hôpital en criant « Musulman, chrétien, une seule main ». Plusieurs blindés de transport de troupes et une dizaine de camions de la police anti-émeutes étaient postés non loin de là.

L’Égypte "en danger"

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Face à ces débordements, le Premier ministre Essam Charaf a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi que l’Égypte était « en danger suite à ces évènements ». « Ces évènements nous ont ramenés en arrière (…) au lieu d’aller de l’avant pour construire un État moderne sur des bases démocratiques saines », a-t-il ajouté dans une allocution retransmise par la télévision publique. Sur sa page officielle sur Facebook, il a également appelé chrétiens et musulmans « à la retenue » et à ne pas céder aux « appels à la sédition », avant d’appeler, lundi, à une réunion d’urgence du gouvernement.

Il est à l’heure actuelle difficile de connaître les raisons qui ont fait dégénérer en fin de journée ce qui avait commencé comme une marche pacifique de milliers de Coptes du quartier de Chobra vers Maspero, où se trouve la télévision publique dans le centre du Caire.

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Le gouvernement égyptien a indiqué que les protestataires avaient lancé des pierres sur les forces de l’ordre et, citant des témoins, que les manifestants coptes étaient armés. Les polices anti-émeutes et les militaires auraient selon cette version tiré des coups de feu en l’air et des lacrymogènes pour les disperser. La télévision d’État a cité des soldats blessés assurant ne pas disposer de balles réelles.

Pourtant, selon un journaliste de l’AFP qui a vu les dépouilles de 17 manifestants à l’Hôpital copte du Caire, des blessures par balles étaient visibles sur certaines des dépouilles. L’un d’entre eux avait le visage écrasé au point d’être méconnaissable, et le chaos régnait dans cet établissement où les familles hurlaient leur colère. « Un véhicule de l’armée a roulé sur cinq manifestants », a dit à l’AFP le père Daoud, un prêtre copte. « Voici son cerveau », a-t-il ajouté en parlant du manifestant au visage défoncé, en montrant de la matière blanche dans un sac en plastique.

Discrimination

Certaines voix, notamment sur Twitter évoquent, quant à elles, l’intervention de « voyous » venus perturber le rassemblement. Nombreux sont aussi ceux qui accusent les médias officiels de tenir un discours anti-chrétiens. « Mon collègue est mort à mes côtés. Ils nous ont tiré dessus (…). Chrétiens fils de chiens », a dit l’un des membres des forces de l’ordre blessés, filmé par la télévision publique.

Des centaines de Coptes avaient déjà manifesté mardi pour protester contre l’incendie d’une église, dans le gouvernorat d’Assouan, et réclamer le limogeage du gouverneur. Représentant de 6 à 10% des Égyptiens, ils s’estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie (23 morts).

(Avec AFP)
 

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