Libye : Seif el-Islam Kadhafi tente toujours de négocier sa reddition à la CPI
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a indiqué mercredi 2 novembre que des négociations étaient en cours pour la reddition de Seif el-Islam. Le secrétaire général de l’Onu Ban ki-Moon s’est quant à lui rendu à Tripoli afin d’assurer les nouvelles autorités libyennes de l’aide de la communauté internationale pour le processus de transition.
Le flou subsiste quant à la situation de Seif el-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi. La Cour pénale internationale (CPI) tente encore de négocier la reddition du dauphin de l’ancien dictateur libyen, selon les dires de son procureur Luis Moreno-Ocampo. La cour « a reçu des questions de personnes liées à Seif el-Islam sur les conditions légales relatives à sa possible reddition », a-t-il déclaré mercredi 2 novembre devant le Conseil de sécurité de l’Onu, pécisant par ailleurs qu’il n’avait eu aucun contact avec l’entourage de Seif el-Islam depuis quelques jours.
En clair, la CPI a été questionnée par les représentants de ce dernier au sujet de ses possibilités d’acquittement, et des suites éventuelles d’un procès. Toujours selon le procureur, l’instance internationale a répondu que Seif el-Islam « pourrait demander aux juges de ne pas ordonner son retour en Libye après sa condamnation ou son acquittement », a déclaré. « Les juges peuvent également décider de son extradition vers un autre pays », a-t-il ajouté.
Mais les nouvelles autorités libyennes ne l’entendent pas de cette oreille. Le Conseil national de transition (CNT) a indiqué à la CPI qu’il mettait en place son propre procès. Ce à quoi Moreno-Ocampo a rétorqué qu’il appartiendrait aux juges de la CPI, qui a été officiellement saisie par le CNT, de se prononcer sur la juridiction requise pour le procès de Seif el-Islam. Il a aussi indiqué que le nouveau gouvernement libyen pourrait éventuellement se charger du procès visant Abdallah Senoussi, l’ancien chef du renseignement libyen lui aussi visé par un mandat d’arrêt international.
Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu’il appartenait aux deux hommes « de décider s’ils se rendent, restent cachés ou tentent de prendre la fuite vers un autre pays. Il appartient au Conseil de sécurité de s’assurer qu’ils soient traduits en justice pour les crimes dont ils sont accusés ».
"Centaines de viols"
Le procureur général a fait état de ses craintes quant à une éventuelle fuite du fils Kadhafi, visé par un mandat d’arrêt international depuis le 27 juin et accusé de crimes contre l’humanité. « Nous recevons également des informations sur le fait qu’un groupe de mercenaires pourrait tenter de faciliter sa fuite de Libye. Nous en appelons aux États pour qu’ils fassent tout ce qu’ils peuvent pour entraver une telle tentative », a-t-il expliqué, précisant que, malgré le gel des comptes bancaires du fils Kadhafi, il possède encore « du liquide et de l’or », de quoi financer une aide éventuelle des mercenaires.
Parallèlement, des enquêteurs de la CPI se sont rendus en Libye la semaine dernière afin de collecter des preuves de crimes concernant Seif el-Islam d’une part, mais aussi au sujet des accusations de viols en série commis par les combattants pro-Kadhafi lors de la repression des premières manifestations contre l’ancien régime. « Des centaines de viols auraient pu être commis », a précisé Luis Moreno-Ocampo. Qui ajoute que les accusations de crimes proférés par des autorités de l’Otan, « y compris la détention de civils soupçonnés d’être des mercenaires », seront « examinées de façon indépendante et impartiale » par la CPI.
Ban Ki-moon à Tripoli
Enfin, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, s’est rendu en Libye mercredi, afin d’assurer les autorités libyennes du soutien de la communauté internationale pour la transition en cours.
« L’ONU se tient prête à soutenir le peuple libyen dans tous les domaines dont nous avons discuté (avec les responsables libyens) : les élections, une nouvelle Constitution, les droits humains, la sécurité publique et le contrôle des armes », a-t-il déclaré. Le chef de l’Onu s’est dit satisfait des entretiens menés avec le chef du CNT Mustapha Abdeljalil, mais aussi avec le nouveau Premier ministre libyen. « Ils (les dirigeants libyens) ont exprimé tous un engagement clair pour la construction d’une Libye démocratique, fondée sur le respect des droits de l’Homme et la dignité », s’est-il réjoui, tout en soulignant que « le chemin vers la démocratie n’est pas facile. Construire un État avec des institutions efficaces et responsables prend du temps ».
(Avec AFP)
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