RDC : violences entre partisans de l’opposition et de la majorité à Lubumbashi
Déjà marquée par de violents heurts samedi 6 novembre, la capitale du Katanga en RDC a été le théâtre de nouveaux affrontements lundi 7 novembre entre partisans du président Kabila et pro-Tshisekedi.
Mis à jour le 8 novembre à 8h24.
À l’approche des élections présidentielle et législatives du 28 novembre, les violences entre partisans de partis politiques rivaux se multiplient en RDC. Après les affrontements du samedi 5 novembre, qui ont éclaté dans le Katanga au sud-est du pays et à Kinshasa, de nouveaux heurts se sont produits lundi 7 novembre à Lubumbashi, déjà théâtre d’échauffourées ce week-end.
Les partisans du parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et ceux du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation du Président Joseph Kabila, se sont affrontés à coups de jet de pierres dans les rues de Lubumbashi et une partie de la ville était paralysée lundi 7 novembre. La police s’est interposée entre les deux groupes et le calme est revenu en fin de journée.
Provocations et violences
La cristallisation des tensions à Lubumbashi, la capitale de la province du Katanga, est notamment le fait de Gabriel Kyungu. Leader de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec), formation alliée du parti au pouvoir, ce dernier a ces derniers mois fréquemment employé un langage agressif et provocateur à l’encontre des individus originaires de la province voisine du Kasai Oriental, terre natale d’Etienne Tshisekedi, principal rival de Joseph Kabila pour l’élection présidentielle à venir.
Au cours du week-end précédent, plusieurs individus ont été blessés lors des affrontements souvent violents. Des vitres de commerces ont également été fracassées et des véhicules pillés dans la ville. Dimanche 6 novembre en soirée, l’UDPS, le parti de Tshisekedi, avait condamné les incidents de samedi en dénonçant la volonté du candidat Kabila de provoquer des troubles pour perturber le déroulement du processus électoral.
Tshisekedi s’autoproclame président
Mais dimanche soir, dans un interview au téléphone sur la Radio Lisanga Télévision (RLTV), émettant depuis Kinshasa, M. Tshisekedi s’est autoproclamé « président de la République » et a lancé au « gouvernement un ultimatum de 48h » pour relâcher ses « combattants » arrêtés lors de manifestations récentes, notamment dans la capitale congolaise. « Sinon j’appelle les combattants partout dans le pays à aller dans les prisons, à casser les portes des prisons et à libérer ces combattants », a-t-il menacé, depuis l’Afrique du Sud où il se trouve actuellement.
A la suite de ces propos, le gouvernement a coupé le signal de la RLTV, propriété d’un député de l’opposition. Il s’agit d’une « mesure conservatoire » avant l’examen du dossier par l’autorité de régulation des médias, a précisé à l’AFP le ministre de la Communication et des médias Lambert Mende. M. Tshisekedi doit revenir cette semaine en RDC, à Kisangani, (nord-est), selon son parti.
"Propos anti-démocratiques"
Dans un communiqué publié lundi, l’Association africaine de défense des droits de l’Homme s’est déclarée « vivement préoccupée par les propos anti-démocratiques » tenus par MM. Tshisekedi et Kyungu, qui « ne favorisent pas l’organisation d’élections apaisées ». Des violences pré-électorales ont également eu lieu dimanche à Goma, capitale du Nord Kivu (est), où des jeunes ont dressé des barricades dans la principale rue de la ville en réaction à la disparition du chanteur local Fabrice Mufirista, proche de l’opposant Vital Kamerhe, candidat à la présidentielle.
Enlevé vendredi soir à Goma par des hommes armés non identifiés, le chanteur, très connu dans la région, a été retrouvé vivant lundi matin en banlieue de la ville, « ligoté et les yeux bandés, dans un état de traumatisme avancé », selon les autorités provinciales. Le jour de l’ouverture de la campagne électorale le 28 octobre, à Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï Oriental, une fillette de 13 ans avait été tuée par une balle perdue tirée par un policier -interpellé depuis- pour disperser une marche de l’opposition.
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