Côte d’Ivoire : la libération de 20 pro-Gbagbo ne change pas la donne pour le FPI
Pour le moment, la récente libération de vingt personnalités proches de Laurent Gbagbo ne change pas la position du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo. Lequel continue de refuser d’aller aux élections législatives de décembre prochain tant que ses revendications n’auront pas été entendues.
Huit au départ, vingt à l’arrivée. Avec la libération provisoire de nombreux proches de Laurent Gbagbo poursuivis par la justice de Côte d’Ivoire, les autorités ont voulu poser un acte fort en faveur de la décrispation, juste avant la publication par la Commission électorale indépendante (CEI) de la liste provisoire des candidats aux élections législatives du 11 décembre prochain.
Mais si le geste est apprécié par les avocats des détenus pro-Gbagbo élargis (où figurent quatre anciens ministres, dont la Franco-Ivoirienne Danièle Boni Claverie), il laisse le FPI de marbre. L’un d’entre eux, Me Hervé Guéméné, a salué « une bonne nouvelle » tout en s’étonnant du mécanisme qui a abouti à la libération des 20 personnes. Il avait introduit soixante-cinq demandes de liberté provisoire, notamment pour Laurent et Simone Gbagbo, et la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Abidjan avait accordé dans un premier temps, mercredi, la liberté à huit personnalités avant d’annoncer tard dans la nuit, qu’elle avait étendu la mesure à douze autre détenus.
Première victoire
C’est la première victoire qu’enregistre le collectif des avocats des pro-Gbagbo, détenus dans des prisons du nord et d’Abidjan, depuis la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier. Laurent Akoun, le secrétaire général par intérim du FPI aurait souhaité que la justice évoque « la liberté tout court, plutôt que la liberté provisoire », pour les vingt désormais ex-détenus, qui comptent parmi les poids plumes de l’ex-mouvance présidentielle (journalistes, élus locaux, ministres, syndicalistes), qui avaient été arrêtés pour la plupart dans le bunker de l’ex-chef d’État.
Pour Akoun, cette libération n’est « pas un acte politique, c’est un acte de justice. Cela n’a aucun rapport avec les négociations. Si le politique le voulait, il aurait pris une décision politique ». Le FPI continue de faire de la libération de Laurent Gbagbo et des gros poissons du FPI (Simone Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, Michel Gbagbo, fils de l’ancien chef d’État, l’ex-premier ministre Gilbert-Marie Aké N’Gbo…) un préalable à sa participation aux législatives.
"No Gbagbo, no peace"
À Accra, où sont exilés les opposants radicaux pro-Gbagbo, l’on continue de clamer « No Gbagbo, no peace », en réponse aux appels à la réconciliation du président Alassane Ouattara. La libération de Laurent Gbagbo, la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) et l’instauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national – les trois revendications majeures du FPI – n’ont pas changé.
Officiellement donc, le FPI ne devrait pas participer aux législatives du 11 décembre prochain. Mais le Congrès national pour la résistance démocratique (CNRD, coalition de partis et mouvements pro-Gbagbo) a officiellement présenté des candidats. Et jeudi, la CEI a dévoilé la liste provisoire des candidats aux élections législatives : ils sont 1185, dont 439 indépendants, où figurent des responsables du FPI. Le conseil constitutionnel doit publier lundi au plus tard la liste définitive.
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