Le Printemps arabe au Nord-Mali
Les leaders arabes gravitant dans et autour du gouvernement malien font face à un « printemps » qui risque de pousser à la rébellion les jeunes de leur communauté. Les prémisses de la révolte se font déjà sentir dans les collines de Kidal, au nord du Mali.
Les 11 et 12 novembre dernier, la communauté arabe du Mali s’est donnée rendez-vous à Gossi, dans la région de Tombouctou. Objectif : se démarquer des troubles entrepris par des groupes armés dans la région de Kidal et Gao.
La communauté représente moins de 5% de la population malienne, mais elle est très active dans le transport et le négoce. Et s’agace volontiers des « rançons » payées aux gendarmes et douaniers sur les routes du Sahara. Elle est d’autant plus fébrile qu’une nouvelle rébellion est sur le point de déstabiliser ses activités.
"Koulouba, la vache laitière"
En 2006, deux groupes s’étaient disputé le leadership de la communauté. L’un était à Tombouctou et l’autre à Gossi. Ce dernier a eu plus de succès et a vu un de ses ressortissants nommé ministre, à savoir Mohamed el-Moctar. « À cette époque, explique un jeune commerçant de Gossi, Ali Sleymani, nous avons choisi des représentants dans l’administration, à Bamako. Mais nous ne les avons plus jamais revus. Aujourd’hui, ils viennent car ils ont besoin de notre soutien. Comment peut-on comprendre cela ? »
Et les jeunes comptent désormais se faire entendre. « Nous avons toujours été utilisés pour traire la vache laitière qu’est Koulouba. Et dès qu’on a besoin de la traire, on fait appel à nous en nous promettant des choses qui ne se réalisent jamais. Mais ça, c’est fini », martèle Abdoul Aziz Ould Mohamed, un jeune de Tombouctou.
"Ce sont des clichés"
De fait, les leaders venus de Bamako ont fait face à une opposition farouche, à tel point qu’ils ont dû retourner dans la capitale avec leurs déclarations dans leur poche. « Ces gens de Bamako ne représentent rien pour nous, ce sont des "clichés". La preuve, nous avons donné notre accord pour faire un congrès afin de définir notre position commune sur ce qui se passe au Nord-Mali. Mais ils veulent engager la communauté tout de suite, et c’est pour ça qu’on n’est pas d’accord », dit Kana Ould Ahmed, un membre de la jeunesse arabe de Kidal.
Or le vide existant entre les leaders arabes de Bamako et leur base pourrait être un facteur de mobilisation. Il pourrait pousser une partie de la jeunesse vers les groupes armés retranchés dans les collines de Kidal.
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Par Baba Ahmed, à Gossi
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