Mali : au moins 20 000 enfants exploités dans des mines d’or toxiques
Dans un rapport rendu public mardi 6 décembre à Bamako, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé entre 20 000 et 40 000 le nombre d’enfants travaillant dans les mines d’or.
Troisième producteur d’or du continent, après l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali compterait pas moins de 20 000 enfants travaillant dans le secteur de l’exploitation aurifère artisanale (orpaillage), selon l’HRW. L’organisation a livré ces estimations dans un rapport intitulé « Mélange toxique : travail des enfants, mercure et orpaillage au Mali » mardi 6 décembre à Bamako.
Selon l’ONG, les enfants orpailleurs « travaillent dans des conditions extrêmement dures et dangereuses ». Extraire l’or des terres est une tâche ardue : il faut creuser les puits, travailler sous terre, ramener à la surface de lourdes charges de minerai, puis les transporter ou les broyer… Le tout avec des moyens artisanaux très rudimentaires. Un travail pesant pour des enfants, qui commencent bien souvent l’orpaillage avant leurs six ans.
Une grande partie d’entre eux utiliserait en outre « du mercure, une substance toxique, pour séparer l’or du minerai. Le mercure attaque le système nerveux central et s’avère particulièrement nocif pour les enfants » a certifié HRW. « Lors de l’enquête, nous avons interrogé beaucoup d’enfants, mais aussi des adultes. (…) Dans notre recherche, nous n’avons pas répertorié des cas de décès, mais des cas de maladie » a affirmé Juliane Kippenberg, chercheuse pour l’organisation.
Vaste trafic local
Toujours selon HRW, la plupart des enfants travaillerait dans les mines pour améliorer les faibles revenus de la famille, vendant par la suite le précieux métal aux commerçants locaux. D’autres pratiqueraient l’orpaillage seuls, encourant le risque de se faire exploiter ou abuser.
Après son extraction, l’or produit dans les mines serait par la suite « acheté par des petits négociants qui fournissent des intermédiaires et des maisons de négoce à Bamako, la capitale ». Complices, les autorités maliennes « tirent souvent profit de l’orpaillage et se soucient peu de la lutte contre le travail des enfants » d’après Juliane Kippenberg.
Troisième producteur d’Afrique, le Mali exporte chaque année près de 4 tonnes d’or artisanal, vers la Suisse ou les Émirats arabes unis, le tout pour une valeur estimée à 218 millions de dollars (plus de 162 millions d’euros), selon les chiffres officiels publiés par HRW. L’ONG a également appelé les différents acteurs du secteur, dont les autorités maliennes, à prendre des mesures significatives pour mettre fin une fois pour toutes au travail des enfants dans les mines d’or.
(Avec AFP)
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