Côte d’Ivoire : Bédié contesté dans ses propres rangs

Au lendemain de la débâcle des législatives du 11 décembre, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, allié d’Alassane Ouattara, fait face à une fronde de nombreux cadres de son propre parti. Au menu des doléances : une mauvaise gestion du parti.

Henri Konan Bédié dans son appartement du 16e arrondissement de Paris, le 19 septembre 2011. © Vincent Fournier pour J.A.

Henri Konan Bédié dans son appartement du 16e arrondissement de Paris, le 19 septembre 2011. © Vincent Fournier pour J.A.

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Publié le 19 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

« Si Bédié assiste avec passivité à la mise en lambeaux du PDCI, alors je pense qu’il est temps qu’il démissionne ». Benoît Yobou Djirabou, délégué communal du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à Yopougon- Toits rouges, nouvellement élu député sous la bannière du Rassemblement des républicains (RDR d’Alassane Ouattara), est très amer après l’échec de son parti aux législatives du 11 décembre. Et il ose, pour la première fois évoquer la question de la démission d’Henri Konan Bédié.

Erreurs de jugement

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C’est que l’homme n’a pas été récompensé de son militantisme au sein du parti fondé il y a 65 ans par Houphouët-Boigny. Premier responsable du PDCI à Yopougon-Toits rouges, ex-député, conseiller municipal pendant plus de trente ans, il est finalement évincé de la course à l’investiture du parti. Frustré, il a accepté l’offre du RDR, à la recherche d’hommes de poids dans la grande commune gabgboiste de Yopougon. Et ce nouvel engagement aux côtés du RDR a payé : la liste conduite par le ministre Gilbert Kafana Koné l’a emporté devant celle du PDCI et des gbagboistes issus du Congrès national pour la résistance démocratique (CNRD). Yobou Djirabou est le symbole des erreurs de jugement au PDCI, qui lui ont coûté plusieurs défaites électorales depuis le coup d’État dont il a été victime en décembre 1999.

« Il faut mettre les pendules à l’heure », juge pour sa part Silué Kagnon, l’un des deux députés du PDCI élus dans le nord du pays. Lui, ne milite pas pour la démission de Bédié, car « ce serait précipité et inconséquent. Qui va le remplacer s’il démissionne ? » Mais ce cadre du nord, qui a réussi à maintenir le flambeau du PDCI dans une zone entièrement acquise à la cause du RDR, n’en est pas moins déçu. Pendant toute la durée de la campagne électorale, aucun responsable de la direction du parti ne s’est déplacé pour aller le soutenir à Napié, sa circonscription électorale. Il pense tout de même que son parti a encore une carte à jouer, pourvu qu’il soit dirigé par des responsables qui « allient courage, stratégie et moyens ».

Restructurer

Car avec 76 députés élus, le PDCI est en net recul. Aux législatives de 2000, le parti constituait un groupe parlementaire fort de plus de 90 députés. Dans certains de ses bastions traditionnels du grand centre baoulé (y compris dans le département de Daoukro, la ville natale de Bédié), il a essuyé un sérieux revers, ne résistant pas au succès des indépendants dans cette région.

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Silué Kagnon estime que « le fossé se creuse entre la base du parti et le sommet. Dans le pays profond, nos militants de base ont le sentiment que les décisions prises par la direction sont impopulaires ». De ce fait, il réclame un congrès. L’idée ne déplait pas à Alphonse Djédjé Mady, secrétaire général du PDCI et numéro deux du parti. Le nouveau député d’Issia estime qu’ « il n’y a pas meilleure façon pour un parti de se restructurer ». Il pense que le congrès pourrait se réunir après la mise en place du Parlement.

Pour ce qui est de la démission de Bédié, souhaitée par Yobou Djirabou, il répond que « tout le monde a le droit de réclamer des démissions, comme tout le monde a le droit de se présenter à une élection. Le parti a aussi le droit de choisir ses candidats ».

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Se dirige-t-on vers la retraite précipitée de Bédié, lui qui rêvait de diriger le futur parti unifié des houphouëtistes ? Rien n’est mois sûr. A 76 ans, le « Sphinx de Daoukro », comme ses supporters le surnomment, sait rebondir au moment précis où on le pense politiquement fini.

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