Burkina Faso : Ousmane Guiro, l’ex-directeur général des Douanes incarcéré
Après que des montagnes d’argent liquide dont Ousmane Guiro serait le propriétaire ont été retrouvées, celui-ci a été arrêté par la gendarmerie et incarcéré. L’ex-directeur général des Douanes pourrait faire les frais du renforcement de la lutte contre la corruption et l’impunité amorcée par le pouvoir, sous la pression des protestataires burkinabè.
Détournement de deniers publics, corruption, concussion et enrichissement illicite. La liste des faits reprochés à Ousmane Guiro, le désormais ex-directeur général des Douanes du Burkina Faso, est bien longue. Arrêté dans la nuit du 1er janvier, puis limogé par décret présidentiel dès le lendemain, il a été placé sous mandat de dépôt le 6 janvier à l’issue de sa comparution au tribunal.
À Ouagadougou, la nouvelle a surpris, et pour cause : de mémoire de Burkinabè, c’est la première fois qu’une aussi haute personnalité est incarcérée. Pour couper court aux rumeurs, le commandant de gendarmerie Hubert Yaméogo a dû faire un point sur le plateau de la télévision nationale burkinabè et relater une partie l’histoire.
Cantines de 2 milliards de F CFA
Alertés par les dépenses somptuaires de jeunes ouagalais, les enquêteurs de la gendarmerie nationale ont mis la main sur des cantines contenant un peu moins de 2 milliards de Francs CFA (environ 3 millions d’euros) en liquide. Interpellés, puis interrogés, l’un deux désigne le tout-puissant directeur général des Douanes comme en étant le propriétaire. Ce dernier est arrêté dans la nuit du nouvel-an et conduit à la gendarmerie.
Si la nouvelle a surpris, c’est aussi parce que Ousmane Guiro, tout-puissant directeur général des douanes et qui plus est officier de l’Ordre national du Burkina Faso depuis le 11 décembre dernier, avait déjà été inquiété par la justice, en 2008. Impliqué dans une affaire d’exonération fiscale frauduleuse, le mandat d’arrêt délivré contre lui n’avait jamais été exécuté, en raison « de ses amitiés bien placées », selon un journaliste burkinabè. « Son arrestation marque peut-être la fin de l’impunité », commente-t-il.
Corruption et impunité
La lutte contre la corruption et l’impunité avait été au cœur des revendications des manifestations qui ont secoué le pays des Hommes intègres en avril 2011. Aussi les Burkinabè suivent-il la procédure judiciaire avec le plus grand intérêt. « On espère qu’elle ira à son terme », déclare-t-on du côté des organisations de défense des droits de l’homme. « Dans le contexte actuel, le gouvernement a tout intérêt à ce que la justice soit rendue de façon sereine, sans aucune pression ni intervention », déclare pour sa part René Bagoro, secrétaire général du syndicat des magistrats. À bon entendeur…
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