Crise humanitaire au Nord-Mali : « La situation dans les camps de déplacés est alarmante »

Les affrontements entre les rebelles touaregs du MNLA et l’armée dans le nord du Mali ont fait des milliers de réfugiés dans les pays voisins, mais aussi plus de 30 000 personnes déplacées à l’intérieur des frontières. Le point sur une véritable crise humanitaire en gestation.

Assilakane Ag Intéréouit, président du Comité régional de la croix rouge malienne de Kidal. © Baba Ahmed pour J.A.

Assilakane Ag Intéréouit, président du Comité régional de la croix rouge malienne de Kidal. © Baba Ahmed pour J.A.

Publié le 11 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Selon la Croix rouge, les déplacés sont quelque 26 000 dans et autour de Ménaka (région de Gao) et 4 000 aux environs d’Aguelhok (région de Kidal). À cela s’ajoute un nombre encore indéterminé de personnes dans la même situation près de Tombouctou, où l’immensité du désert et le manque d’eau, de soins et de nourriture rend la situation critique. Interview avec Assilakane Ag Intéréouit, président du Comité régional de la croix rouge malienne de Kidal.

Jeune Afrique : Vous estimez à 30 000 le nombre de déplacés. Ce chiffre peut-il augmenter ?

la suite après cette publicité

Assilakane Ag Intéréouit : une équipe de la Croix rouge malienne réalise actuellement un recensement des populations déplacées de la ville de Tessalit. Nous nous attendons à ce que ce résultat vienne gonfler les chiffres déjà établis.

Comment la Croix rouge gère-t-elle la situation ?

Nous faisons d’abord des évaluations du nombre des déplacés avant d’intervenir avec l’appui du CICR. Pour le moment, nous sommes intervenus à Aguelhok, dans la région de Kidal. Nous avons distribué 4 tonnes de vivre : huile, tomate, lentilles, pâtes alimentaires, ainsi que des  couvertures, des nattes, des moustiquaires. À Tessalit, toujours dans la région de Kidal, nous avons distribué de la friperie pour les enfants en cette période de fraîcheur, de l’huile…

Quelles sont les urgences ?

la suite après cette publicité

Nous avons surtout besoin de médicaments pour les maux de têtes, les palpitations, la fatigue, la tension… et pour la prévention des épidémies. La situation dans les camps de déplacés est alarmante, notamment autour de la ville de Kidal. Il faut intervenir aussi à 25 km au sud de Tessalit où la population de cette ville s’est concentrée sur un site où il n’y a rien. Il y a aussi les 2 000 déplacés d’Al Khalil, à 18 km de la frontière algérienne, et ceux d’Aguelhok : 4 000 personnes sont installées sur quatre sites autour de cette ville fantôme… La région de Tombouctou est aussi touchée par le phénomène. Certains camps sont en plein désert…

Quel soutien des autorités avez-vous ?

la suite après cette publicité

Nous avons la liberté de circuler et d’aller où se trouvent les populations déplacées, ce qui est déjà une grande chose. Et l’État malien a donné 10 tonnes de céréales à Aguelhok, ainsi que 3 tonnes à Tessalit, mais c’est loin d’être suffisant. Je suppose que l’État a ralenti son aide à cause de la recrudescence des combats.

_____

Propos recueillis par Baba Ahmed, à Bamako

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Les appels au calme du président malien Amadou Toumani Touré n’ont pas rassuré les Bamakois. © Miguel Medina/AFP

Nord-Mali : les Bamakois jugent sévèrement la politique sécuritaire d’ATT

L’armée malienne a déclaré avoir tué 20 rebelles touaregs le 4 février. © AFP

Mali : le MNLA « pas concerné » par l’appel au cessez-le-feu

Contenus partenaires