Crise humanitaire au Nord-Mali : « La situation dans les camps de déplacés est alarmante »
Les affrontements entre les rebelles touaregs du MNLA et l’armée dans le nord du Mali ont fait des milliers de réfugiés dans les pays voisins, mais aussi plus de 30 000 personnes déplacées à l’intérieur des frontières. Le point sur une véritable crise humanitaire en gestation.
Selon la Croix rouge, les déplacés sont quelque 26 000 dans et autour de Ménaka (région de Gao) et 4 000 aux environs d’Aguelhok (région de Kidal). À cela s’ajoute un nombre encore indéterminé de personnes dans la même situation près de Tombouctou, où l’immensité du désert et le manque d’eau, de soins et de nourriture rend la situation critique. Interview avec Assilakane Ag Intéréouit, président du Comité régional de la croix rouge malienne de Kidal.
Jeune Afrique : Vous estimez à 30 000 le nombre de déplacés. Ce chiffre peut-il augmenter ?
Assilakane Ag Intéréouit : une équipe de la Croix rouge malienne réalise actuellement un recensement des populations déplacées de la ville de Tessalit. Nous nous attendons à ce que ce résultat vienne gonfler les chiffres déjà établis.
Comment la Croix rouge gère-t-elle la situation ?
Nous faisons d’abord des évaluations du nombre des déplacés avant d’intervenir avec l’appui du CICR. Pour le moment, nous sommes intervenus à Aguelhok, dans la région de Kidal. Nous avons distribué 4 tonnes de vivre : huile, tomate, lentilles, pâtes alimentaires, ainsi que des couvertures, des nattes, des moustiquaires. À Tessalit, toujours dans la région de Kidal, nous avons distribué de la friperie pour les enfants en cette période de fraîcheur, de l’huile…
Quelles sont les urgences ?
Nous avons surtout besoin de médicaments pour les maux de têtes, les palpitations, la fatigue, la tension… et pour la prévention des épidémies. La situation dans les camps de déplacés est alarmante, notamment autour de la ville de Kidal. Il faut intervenir aussi à 25 km au sud de Tessalit où la population de cette ville s’est concentrée sur un site où il n’y a rien. Il y a aussi les 2 000 déplacés d’Al Khalil, à 18 km de la frontière algérienne, et ceux d’Aguelhok : 4 000 personnes sont installées sur quatre sites autour de cette ville fantôme… La région de Tombouctou est aussi touchée par le phénomène. Certains camps sont en plein désert…
Quel soutien des autorités avez-vous ?
Nous avons la liberté de circuler et d’aller où se trouvent les populations déplacées, ce qui est déjà une grande chose. Et l’État malien a donné 10 tonnes de céréales à Aguelhok, ainsi que 3 tonnes à Tessalit, mais c’est loin d’être suffisant. Je suppose que l’État a ralenti son aide à cause de la recrudescence des combats.
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Propos recueillis par Baba Ahmed, à Bamako
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