Côte d’Ivoire : les factures impayées de l’élite politique aux Aéroports de Paris
Difficultés financières liées à la crise postélectorale ivoirienne, priorité accordée à la relance économique par le gouvernement, lenteur des circuits administratifs… Autant de raisons qui expliquent que les factures dues par une soixantaine de personnalités ivoiriennes aux Aéroports de Paris restent encore impayées. Mais le recouvrement serait en cours.
Cent vingt-trois millions de Francs CFA (188 559 euros). Telle est somme que réclament les Aéroports de Paris à 64 personnalités ivoiriennes et à leurs proches. Des impayés relatifs à l’utilisation des salons privés des aérogares parisiennes lorsque les dignitaires du régime ivoirien et de l’opposition viennent en visite en France. La plus vieille facture remonte au 31 mars 2004 et concerne Tia Koné, l’ancien président de la Cour suprême qui vient de rallier l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI). La plus récente est au nom d’Ally Coulibaly, l’actuel ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris, lors d’une arrivée dans la capitale française, le 22 mai dernier.
Avec 11 449 euros de dette, le grand argentier successivement de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara, Charles Koffi Diby, caracole en tête du palmarès des impayés par individu. Sur les deuxième et troisième marche du podium sont installés feu Paul Antoine Bohoun Bouabré (un autre ex-grand argentier) et Pierre Aimé Kipré, l’ancien ambassadeur de Gbagbo à Paris.
Ouattara à la 6e place
Le président Alassane Ouattara, encore opposant à la date des factures, figure à une honorable sixième place, juste derrière Laurent Dona Fologo, l’ex-président du Conseil économique et social (CES). Dans la liste, on retrouve également la plupart des ministres des gouvernements de réconciliation nationale, toutes obédiences confondues, depuis la signature de l’Accord politique de Ouagadougou en mars 2007, comme Hamed Bakayako, Amadou Gon Coulibaly, Léon Monnet, Alphonse Douaty et Dagobert Banzio.
Y prennent place enfin quelques personnalités de premier plan comme l’ancien président Henri Konan Bédié et son épouse Henriette pour deux petites factures de 310 et 426 euros ; mais aussi le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny ; l’actuelle première dame, Dominique Ouattara ; et l’épouse du père de l’indépendance ivoirienne, Thérèse Houphouët-Boigny.
Sommes modiques
Selon le classement collectif établi par grande formation politique, le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD) dont fait partie le Front populaire ivoirien (FPI de Laurent Gbagbo) et plusieurs de ses partis satellites, est en tête avec 56 643 euros d’impayés, devant le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié, 42 246 euros), le Rassemblement des républicains (RDR d’Alassane Ouattara, 23 272 euros), l’UDPCI (de Mabri Toikeusse, 3 116 euros) et le Mouvement des Forces d’avenir (MFA d’Anaky Kobenan, 1 868 euros).
Globalement, les factures impayées représentent des sommes modiques au regard du patrimoine des intéressés ou des ressources de l’Etat ivoirien… Mais elles tardent à être réglées. La société de recouvrement des Aéroports de Paris, Recocash, a récemment relancé les autorités ivoiriennes via leur ambassade à Paris et le gouvernement à Abidjan. Selon nos informations, elles seraient dans le circuit administratif en attente de traitement. Champion des champions de ce classement, le ministre de l’Économie et des Finances devrait certainement leur donner une suite favorable.
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