L’armée éthiopienne mène sa première attaque en Érythrée depuis 2000

L’armée éthiopienne a menée jeudi 15 mars une attaque militaire en territoire érythréen. Il s’agit de la première action de ce genre depuis la fin de la guerre entre les deux pays qui fit plus de 70 000 morts entre 1998 et 2000.

Le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal, le 15 mars 2012 à Addis-Abeba. © Jenny Vaughan/AFP

Le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal, le 15 mars 2012 à Addis-Abeba. © Jenny Vaughan/AFP

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Publié le 15 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Les tensions entre l’Érythrée et l’Éthiopie se sont intesifées ces dernières heures.  « Tôt ce (jeudi 15 mars) matin, les forces de défense éthiopiennes ont attaqué une position militaire à l’intérieur de l’Érythrée », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement éthiopien Shimeles Kemal, précisant que la base visée se trouvait à 16 km de la frontière nord-est de l’Éthiopie.

Shimeles Kemal a assuré que l’Éthiopie avait lancé cet assaut en raison du soutien de l’Érythrée à des groupes armés sur le territoire éthiopien. « La récente attaque contre des touristes européens est l’une des raisons de ces représailles », a ajouté Shimeles Kemal, cité par Associated Press. Le 18 janvier, cinq touristes européens avaient été tués et deux Allemands enlevés, au cours d’une attaque attribuée par Addis Abeba à Asmara contre un groupe de touristes dans le nord de l’Éthiopie.

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Groupes subversifs armés par Asmara ?

Un groupe rebelle local, le Front uni révolutionnaire démocratique afar (Arduf) avait revendiqué l’enlèvement et annoncé début mars avoir libéré les deux Allemands. Mais l’Éthiopie avait accusé l’Érythrée d’être derrière cette attaque, ce qu’Asmara avait aussitôt démenti. « Ces groupes opèrent dans la zone d’Afar. Nous savons que le gouvernement érythréen assiste, forme et déploie des groupes subversifs qui lancent parfois des attaques sur des civils et des infrastructures à l’intérieur de l’Éthiopie », a affirmé à Reuters le porte-parole du gouvernement éthiopien.

L’attaque « n’est pas synonyme de confrontation militaire directe entre les deux pays », a précisé Shimeles Kemal, tout en affirmant que l’Éthiopie continuerait ses incursions tant que l’Érythrée resterait  « une rampe de lancement pour des actions semblables ».

Vives tensions

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C’est la première attaque de troupes éthiopiennes depuis la fin de la guerre entre les deux pays (1998-2000) qui fit plus de 70 000 victimes. Malgré la fin des combats, le contentieux frontalier à l’origine du conflit n’est toujours pas résolu. Les tensions sont restées vives, particulièrement ces derniers mois. En avril, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi avait notamment déclaré lors d’une session du Parlement que son pays supporterait l’opposition érythréenne pour l’aider à renverser le « régime dictatorial » d’Asmara.

L’Éthiopie a également accusé l’Érythrée d’avoir préparé une attaque à la voiture piégée à Addis-Abeba lors du sommet de l’Union africaine de janvier 2011, ce que confirme un rapport publié en juillet 2011 par les Nations unies. Rapport qui accuse également le régime de Issayas Afewerki de soutenir les islamistes somaliens Shebab.

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L’Érythrée a fait savoir le vendredi 16 mars qu’elle ne riposterait pas à l’attaque jeudi sur son sol d’une de ses bases par les forces éthiopiennes, a assuré vendredi à l’AFP le ministre érythréen de l’Information.
 

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