Libye – CPI : Luis Moreno-Ocampo à Tripoli, discussions sur le sort de Seif el-Islam
Le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo s’est rendu mercredi 18 avril en Libye afin de discuter du sort de Seif el-Islam avec les nouvelles autorités, qui refusent toujours de livrer le fils Kadhafi à la justice internationale.
Même si la Libye a affirmé a plusieurs reprises vouloir juger le fils de feu Moummar Kadhafi, Seif el-Islam, aujourd’hui détenu à Zintan, la Cour pénale internationale (CPI) tente une nouvelle fois de faire entendre raison aux nouvelles autorités du pays.
Le procureur de l’instance internationale, Luis Moreno-Ocampo, s’est pour cela rendu en personne dans la capitale libyenne mercredi 18 avril. Tripoli a toujours refusé de livrer à la CPI le fils Kadhafi. Ce dernier est visé par un mandat d’arrêt pour crimes contre l’humanité commis lors de la répression de la révolte populaire qui mena à la guerre civile, puis à la chute du dictateur en 2011. Le 10 avril, le gouvernement libyen avait tout d’abord fait appel de la décision de la CPI l’exhortant à lui remettre « immédiatement » le fils de l’ancien dictateur. Puis Tripoli avait annoncé sa volonté de soulever une exception d’irrecevabilité pour obtenir un arrêt de la procédure contre Seif el-Islam à la CPI. Une procédure que les autorités pourraient enclencher dès le 30 avril, et qui serait ensuite soumise à la validation des juges.
« La Libye a dit qu’elle allait remettre en question la procédure de la CPI. Je suis venu pour vérifier ce qu’ils font ici », a expliqué Luis Moreno-Ocampo, aui a rencontré mercredi le chef du Conseil national de transition (CNT) Moustapha Abdeljalil. « C’est aux juges de la CPI de décider qui fera le procès », a-t-il ajouté.
"Seif el-Islam ne sera pas remis à la CPI"
Pour Tripoli en tout cas, la réponse est claire : « Seif el-Islam ne sera pas remis à la CPI », a affirmé le porte-parole du gouvernement, Nasser el-Manaa. « La Libye estime que c’est son droit de le juger », a-t-il ajouté, évoquant la préparation de son procès « en cours ».
« La CPI veut faire la justice sur (le cas de) Seif. La Libye veut faire la justice sur Seif. Il y aura une justice pour Seif », a tempéré le procureur de la CPI, qui a exclu pas par ailleurs, une visite au prisonnier.
« Je ne peux pas voir Seif, car il doit avoir (au préalable) un avocat », ce qui n’est pas le cas, a-t-il expliqué.
Avant de pouvoir juger le fils Kadhafi à Tripoli, les autorités libyennes devront tout d’abord convaincre les responsables de Zintan de leur livrer le détenu, une tâche difficile. Les responsables locaux de cette ville, qui veulent juger le fils Kadhafi, estiment en effet que le gouvernement est « incapable d’assurer la sécurité » de son procès et craignent une évasion de Seif el-Islam, comme l’a indiqué une source impliquée dans les négociations avec Zintan.
Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human rights watch (HRW), Seif el-Islam bénéficie aujourd’hui de « bonnes conditions » d’incarcération même si l’ONG a exhorté les autorités à lui garantir un « accès immédiat » à un avocat. Toutefois, le 5 avril, Xavier-Jean Keïta, conseil principal au Bureau du conseil public pour la Défense (OPCD) de la CPI, chargé notamment de garantir les droits de la défense, avait lui indiqué que Seif el-Islam avait été « agressé physiquement ». Xavier Jean-Keita a par ailleurs appelé le procureur de la CPI « à s’abstenir de toute déclaration publique pouvant porter atteinte à l’image d’indépendance, d’impartialité de l’accusation » dans un document publié mercredi sur le site internet de la Cour.
(Avec AFP)
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