France : Claude Bartolone, un Tunisien de coeur à la tête de l’Assemblée nationale
Le député de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, est devenu le nouveau président de l’Assemblée nationale française. Désigné par ses pairs socialistes, qui disposent de la majorité absolue au Palais Bourbon, il devient le quatrième personnage de l’État. Né à Tunis en 1951, l’homme est connu pour ses fortes attaches méditerranéennes.
Mis à jour le 27/06.
Les socialistes ont choisi l’expérience. Député depuis plus de trente ans, président du Conseil général de Seine-Saint-Denis depuis 2008, ancien ministre de la Ville, de 1997 à 2002, Claude Bartolone a été élu au perchoir du Palais Bourbon, le 26 juin.
Entré au Parti socialiste en 1974, il colle les affiches de François Mitterrand alors qu’il étudie à Paris, à l’université de Jussieu, d’où il sort diplômé, deux licences en poche, l’une en mathématiques, l’autre en physique. Après deux années passées au sein de l’industrie pharmaceutique, il choisit d’embrasser une carrière politique.
Un tacticien hors pair
Claude Bartolone gravit alors les échelons du PS. En 1988, il entre au Bureau national, qu’il ne quittera plus, et où il se révèle fin négociateur et habile tacticien. Il sera successivement un soutien de Laurent Fabius, qu’il quitte au moment de la campagne sur le Traité constitutionnel européen, de Martine Aubry, qu’il appuie en 2008 au Congrès de Reims et lors des primaires de septembre 2011, puis de François Hollande, dont il sera collaborateur chargé des relations extérieures durant la campagne présidentielle.
« Barto » passe toutefois à côté du gouvernement Ayrault. Une déception, avoue-t-il, se disant « gêné » que « la Seine-Saint-Denis soit absente du gouvernement ». Et, si Claude Bartolone s’identifie à ce point à « son » département, c’est qu’il y est viscéralement attaché. Secrétaire, à 23 ans, de la section socialiste de Pré-Saint-Gervais, dont il deviendra maire-adjoint puis maire de 1995 à 1998, il y a vécu, avec ses parents, lorsque ceux-ci quittent la Tunisie pour la France, en 1960.
Ambassadeur
La terre électorale de Bartolone est donc en banlieue parisienne. Mais sa terre natale, elle, se trouve de l’autre côté de la Méditerranée, à Tunis, où il est venu au monde, le 29 juillet 1951, d’un père sicilien ouvrier agricole et d’une mère maltaise. Depuis, la Tunisie n’a cessé de l’habiter, « une image de plaisir et de douceurs », avoue-t-il à l’hebdomadaire Le Point, se remémorant « les couleurs blanches et bleues, l’odeur des orangers, les piments qui sèchent sur les terrasses ».
« La Tunisie a beaucoup compté, y compris dans le développement de ma personnalité. On m’appelle encore « Le Tune », quand je parle avec les mains, ou quand j’ai un comportement un peu méditerranéen », avoue-t-il volontiers. Le natif de Tunis n’est d’ailleurs pas le seul. Comme lui, nombre de politiques font partie de ce fameux « groupe des Tunes ».
Au PS, on y trouve le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Et à l’Union pour un mouvement populaire (UMP), ils sont encore plus nombreux : l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie, le président du groupe parlementaire du parti, Christian Jacob, mais aussi le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, l’ex-sénateur des Hauts de Seine, Charles Pasqua, ou encore le défunt Philippe Séguin. Tous ont fait ou font encore figure d’ambassadeurs officieux de la Tunisie en France.
Mal à l’aise avec la révolution ?
Avec Claude Bartolone au perchoir de l’Assemblée, la Tunisie peut-elle compter sur un ami haut placé ? Sans doute, même si, quand la révolution tunisienne battait son plein de l’autre côté de la Méditerranée, il a pu éprouver – comme d’autres – une certaine gêne à se positionner. Dans une interview à RTL, le 13 janvier 2011, le futur président de l’Assemblée condamnait la répression tout en estimant que Ben Ali restait incontournable.
« Avec ces morts, un cap a été franchi. Mais dans le même temps, aujourd’hui on ne voit pas quelle est l’alternative à Ben Ali », déclarait-il alors. Simple malaise face à une situation complexe ? Claude Bartolone avouait à l’époque ne pas avoir de liens particuliers avec les hommes politiques tunisiens. Il préférait alors se dire proche du « peuple ».
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