Mali : vague de condamnations après les destructions de lieux saints à Tombouctou
De nombreuses voix se sont élevées pour condamner les destructions du patrimoine religieux à Tombouctou. Où les islamistes d’Ansar Eddine se sont lancés, le 28 juin, dans une entreprise de démolition systématique des mausolées de saints musulmans.
À Tombouctou, les destructions de monuments classés au patrimoine mondial de l’Unesco se sont poursuivies le lundi 2 juillet. Depuis le 28 juin, les islamistes d’Ansar Eddine qui contrôlent la moitié Nord-Mali ont déjà détruit sept des seize mausolées de saints musulmans que compte la ville, ainsi que l’entrée de la mosquée de Sidi Yahia, l’une des trois plus importantes de Tombouctou (avec .
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Lors de son discours de politique générale devant les députés, mardi 3 juillet, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dénoncé un acte « des forces les plus obscurantistes » et a affirmé sa détermination « à empêcher des groupes comme Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) de constituer des bastions du terrorisme international dans le nord du Mali ».
Les islamistes minent les abords de Gao, la population "prise en otage"
Selon Mossa Ag Attaher, porte-parole du MLNA, « Aqmi et Mujao, qui contrôlent Gao, ont miné les alentours de la ville. Beaucoup de gens cherchent à fuir, à prendre des bus pour gagner Bamako, mais les islamistes les empêchent de quitter la ville ». Selon les rebelles touaregs, les groupes islamistes prendraient la population en otage afin de s’en servir comme bouclier humain dans le cas où le MNLA lancerait une contre-attaque pour reprendre la ville. Un porte-parole du Mujao a confirmé sur Radio France internationale la pose de mines, affirmant qu’elle devait empêcher une contre-attaque touarègue.
Le 27 juin dernier de violents combats avaient opposé les islamistes aux rebelles touaregs, conduisant ces derniers à abandonner la ville. Une source sécuritaire ouest-africaine a elle aussi confirmé la pose des mines. Selon elle, l’opération a également pour but de prévenir toute attaque éventuelle des forces de la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ou de tout autre bandes armées rivales. « Nous ferons tout pour récupérer notre territoire », a déclaré Sadio Lamine Sow, ministre malien des Affaires étrangères à l’issue d’une visite de deux jours à Alger..
Auparavant, le département d’État américain a condamné « fermement » les destructions au Mali, tandis que la Russie a qualifié ces actes de « barbare » et a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali.
Les États africains ont, eux aussi, condamné fermement les démolitions. Pour le gouvernement algérien, les saints et les savants dont les mausolées ont été détruits ont « contribué à l’épanouissement de l’islam dans la région et à la diffusion des valeurs de tolérance et de spiritualité ». Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, a quant à lui dénoncé des « incidents graves », affirmant que « la destruction de ces monuments historiques déchire le cœur des Maliens et de tous ceux qui ont connu ces lieux saints ».
Monsieur Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie (OIF) a quant à lui appelé à l’arrêt immédiat de destructions qui sont l’œuvre d’ « éléments extrémistes », tandis que le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (rébellion touarègue), Mossa Ag Attaher, a dénoncé des « destructions criminelles » de la part des groupes islamistes.
"Crime de Tombouctou"
Les organisation et associations religieuses ont aussi réagi avec vigueur à ces démolitions. L’Association malienne des leaders religieux parle même du « crime de Tombouctou », alors que l’Organisation de coopération islamique a de son côté « déploré » la destruction « par des éléments fanatiques » de mausolées qui font parties intégrante du « riche patrimoine islamique ».
L’ensemble de ces condamnations font échos aux propos du procureur de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, qui dénonçait dès dimanche à Dakar, des faits qui pourraient être qualifiés juridiquement de « crime de guerre ».
(Avec AFP)
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