Côte d’Ivoire : des pro-Gbagbo coopèrent avec Ansar Eddine et la junte malienne, selon un rapport

Selon les conclusions d’un rapport d’experts travaillant pour l’ONU, des contacts ont été établis entre des exilés proches de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et Ansar Eddine, un des groupes islamistes armés qui occupe le nord du Mali. Le document révèle également que des contacts ont été pris aussi avec l’ex-junte malienne.

L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, à la CPI le 5 décembre 2011. © AFP

L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, à la CPI le 5 décembre 2011. © AFP

Publié le 11 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le document de 26 pages, rédigé par des experts travaillant pour l’ONU, mentionnant des liens entre des partisans exilés de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo avec Ansar Eddine et l’ex-junte malienne, doit être examiné le 31 octobre par le Conseil de sécurité.

Son contenu tend à montrer que des partisans du camp Gbagbo, poussés à l’exil suite à la crise postélectorale de 2011, cherchent des appuis dans la région pour déstabiliser le régime du président ivoirien Alassane Ouattara à Abidjan.

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Textos, réunions et circulation d’armes

Le document évoque des échanges de textos et indique qu’une réunion a eu lieu entre un membre du camp Gbagbo et un représentant d’Ansar Eddine, l’un des groupes islamistes armés, proche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a pris le contrôle du Nord-Mali suite au coup d’État militaire du 22 mars à Bamako.

La réunion se serait tenue « à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, pour discuter d’une possible coopération future en vue de menacer la paix et la sécurité dans la sous-région et de fournir une possible assistance technique militaire au moyen de mercenaires ».

Les experts affirment également que « fin juin 2012, une réunion a eu lieu dans un camp militaire à Bamako » entre des représentants des exilés pro-Gbagbo et des membres de l’ex-junte malienne, dont son chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo ».

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À cette occasion, la junte malienne a fait part de son « intérêt » à soutenir des opérations de déstabilisation en vue d’affaiblir la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et son président en exercice, le président ivoirien Alassane Ouattara. Selon les observations du rapport, il y aurait eu une « fréquente » circulation d’armes à la frontière ivoiro-malienne.

"Commandement stratégique" au Ghana

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Le rapport évoque également le cas du Ghana où se sont exilés de nombreux partisans de Laurent Gbagbo. Ces derniers y auraient mis en place un « commandement stratégique » et de là, affirment les experts, ils « planifient » et « financent » des attaques en Côte d’Ivoire.

Le document fait mention d’une réunion qui s’est tenue le 12 juillet 2012 à Takoradi (sud du Ghana). Plusieurs groupes de partisans de l’ancien régime y étaient présent et y « ont décidé d’unir leurs efforts » pour reprendre le pouvoir en Côte d’Ivoire, expliquent les experts.

Ce qui s’apparente à un véritable réseau serait financé, entre autres, par le porte-parole de l’ancien président, Justin Koné Katinan, en détention au Ghana et visé par une procédure d’extradition. Les experts citent également Charles Blé Goudé, ex-chef des « patriotes » (un mouvement de jeunesse pro-Gbagbo).

Le ministre ghanéen de l’Information, Fritz Baffour, a affirmé douter de la « véracité » du rapport. Lors de son déplacement à Abidjan au début du mois de septembre, le président ghanéen John Dramani Mahama avait déjà assuré que son pays ne servirait pas de « base arrière » pour déstabiliser son voisin.

Les auteurs du rapport affirment enfin que l’est du Liberia est devenu « une plateforme de recrutement et une base arrière » dotée de camps d’entraînement pour des groupes armés pro-Gbagbo.

"Manipulation grossière"

Depuis le mois d’août, la Côte d’Ivoire connaît son plus grave regain de tension depuis la fin de la crise postélectorale, avec une série d’attaques meurtrières contre les forces de sécurité, notamment dans l’Ouest – frontalier du Liberia – et à Abidjan. Depuis, le camp Gbagbo rejette systématiquement les accusations du camp adverse.

C’est donc sans surprise que les exilés pro-Gbagbo ont condamné fermement le rapport et dénoncé, par la voix de Bernard Houdin, conseiller spécial de M. Gbagbo, une « manipulation grossière », rejetant toute "aventure subversive". De son côté, Charles Blé Goudé a fustigé un « programme d’éradication des pro-Gbagbo ».

Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan, est détenu depuis fin 2011 à la prison de La Haye. Il est soupçonné par la Cour pénale internationale (CPI) d’être « coauteur indirect » de crimes contre l’humanité.

(Avec AFP)
 

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