Mali : Bamako fait son marché aux armes
Alors que les chefs d’état-major de la Cedeao se réunissent à Bamako pour finaliser le « concept d’opération » pour une intervention au Nord-Mali, l’armée malienne continue de se renforcer. Petite revue des derniers équipements reçus ou commandés.
Après la déroute du début de l’année, le Mali doit reconstituer ses forces, ce qui passe notamment par de nombreuses commandes d’armes. Aux véhicules qu’alignait encore Bamako en avril 2012 se sont ajoutés 142 véhicules tout terrain. Les techniciens des Ateliers militaires de Markala en ont modifié plusieurs, de manière à les équiper de mitrailleuses lourdes DShK de 12,7 mm ou ZPU de 14,5 mm, comme celles montées sur les 4×4 des rebelles.
Car auparavant, les 4X4 de l’armée n’emportaient que des mitrailleuses SGM de 7,62 mm, d’une portée bien inférieure à ce dont disposait l’adversaire. Ce qui, dans le désert, constituait un terrible désavantage. L’achat de pièces de rechange a en outre permis la remise en état de 16 blindés BRDM-2 auxquels s’additionneront bientôt les 19 BTR-60PB jusqu’alors bloqués à Conakry.
L’Algérie sollicitée
Qu’est-ce qu’un concept d’opérations ?
L’ONU a donné quarante-cinq jours à la Cedeao pour préparer la guerre. Un délai qui n’est pas de trop pour planifier une opération militaire stratégique, en cinq phases : initialisation, orientation, élaboration du concept puis du plan, développement de celui-ci, puis validation et mise à jour dudit plan. La première phase inclut la directive initiale, en l’occurrence, la restauration de l’intégrité territoriale malienne. La deuxième phase étudie ce qui est à faire, en déterminant le cadre de la troisième phase, à savoir, le concept d’opérations désigné sous l’acronyme de Conops (Concept of Operations) par l’Otan. Sont alors élaborés les modes d’action, selon l’objectif à atteindre (End State ou État Final Recherché) en définissant notamment les cibles à frapper (Targeting), les règles d’engagement, l’organisation de la chaîne de commandement, le tout en considérant les capacités des belligérants. A partir du Conops est établi le plan et la cinquième phase consiste à vérifier sa validité.
Ces blindés renforcent ceux du même modèle rescapés de la déroute. L’Algérie a par ailleurs été sollicitée pour l’obtention de matériel de transmissions, afin de moderniser a minima les vieux chars T-55, ainsi que pour des munitions qui font cruellement défaut. Le problème se pose aussi avec les chars légers PT-76, dont les obus se révèlent en majorité défectueux.
En plus des armes lourdes, un rapport mentionne la commande par Bamako de 3 000 fusils d’assaut AK-47, en provenance d’un pays d’Amérique du Sud, sitôt le certificat d’importation délivré par la Cedeao, tandis qu’il est indiqué que la Chine a offert pour presque 2,5 millions d’euros d’équipement entre avril et juillet 2012.
À la fin de septembre, les registres de l’ONU précisent l’acquisition, auprès de la Bulgarie, fournisseur privilégié du Mali, de nombreuses armes légères : 1 000 AKM, 150 mitrailleuses, 50 mitrailleuses lourdes de 14,5 mm plus 15 canons sans-recul SPG-9 de 73 mm, efficaces non seulement contre les véhicules blindés, les bâtiments et les retranchements. Enfin, l’agence fédérale d’exportation d’armements russe, la Rosoboronexport, confirme depuis peu avoir été approchée par Bamako…
L’armée de l’air n’est pas en reste : 4 moteurs d’hélicoptères d’assaut Mi-24 ont ainsi été reçus, vraisemblablement de Bulgarie, ainsi qu’une équipe d’assistance technique, le 18 juillet, afin de permettre la réparation des 2 Mi-24 défectueux. Quant à la livraison de deux avions d’attaque Sukhoy Su-25 ex-ukrainiens, discrètement annoncée au cours de l’été, elle ne semble désormais plus à l’ordre du jour, faute de paiement. Ils auraient finalement été rachetés par la RDC.
Le moral des soldats
Mais sans un redressement du moral des soldats, il va sans dire que tous ces achats n’ont qu’une valeur limitée. Aussi les autorités s’efforcent-elles d’apporter des aides financières aux familles des militaires, de verser des primes d’opérations, tout en instaurant un dispositif destiné à valoriser ceux qui seront engagés dans une éventuelle reconquête.
La formation, elle, passera de toute évidence par des instructeurs étrangers. Des nations alliées apporteront aussi un soutien en renseignement, ainsi que des systèmes de communication, indispensables à la réorganisation et au bon fonctionnement des unités et de la chaîne de commandement.
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