Mali : Ansar Eddine met en garde la Cedeao contre un embrasement de la région en cas d’intervention
Selon le groupe islamiste et touareg Ansar Eddine, qui occupe le nord du Mali avec d’autres groupes armés, une intervention africaine dans le pays serait la cause d’un « embrasement » de la sous-région. Le mouvement de Iyad Ag Ghali semble par ailleurs mettre au second plan l’application de la charia, qu’il défendait pourtant avec vigueur jusque là.
Pas facile de négocier avec Ansar Eddine, l’unique groupe jihadiste occupant le Nord-Mali à être jugé « récupérable » par le médiateur burkinabè et la diplomatie algérienne. Après avoir indiqué, mercredi 6 novembre, qu’il « rejetait le terrorisme » et appelait au dialogue, le mouvement de Iyad Ag Ghali a tenu des propos beaucoup moins rassurant ce jeudi.
« Une intervention étrangère, ce n’est pas seulement le Mali qui va en pâtir, c’est toute la sous-région qui va s’embraser. Tout le monde doit s’y mettre pour qu’il y ait la paix », a affirmé Mohamed Ag Aharid, porte-parole de la délégation de Ansar Eddine présente au Burkina Faso.
« Nous condamnons le règlement du problème par la force, mais si on est obligés d’aller à la guerre, on fera la guerre, (…) on se battra jusqu’au dernier sacrifice », a-t-il poursuivi, prétendant que son groupe représentait l’ensemble de la population touarègue. Car, selon lui, en cas de recours à la force, « l’histoire retiendra que c’est une coalition internationale contre le peuple touareg ».
Le Mali, terre de jihad international
C’est le genre d’informations à prendre avec précaution, tant elles sont susceptibles de manipulations diverses de la part des services de renseignement. Mais selon une source sécuritaire malienne, citée par l’AFP, « quelques dizaines de jeunes Européens dont des Français ou jeunes Africains vivant en Europe sont de plus en plus tentés par le jihad dans le Nord du Mali. Certains sont déjà dans le Nord, d’autres veulent partir, ont été arrêtés ou refoulés. »
« Outre trois ressortissants français qui sont actuellement au sein d’Aqmi dans le nord du Mali, il y a désormais un ressortissant britannique à Tombouctou qui a épousé la cause des jihadistes », a poursuivi cette source, dont les informations sont appuyées par d’autres responsables sécuritaires de la région. « Nous refoulons de notre frontière terrestre de nombreux Africains qui cherchent à regagner le nord du Mali par le Niger, mais des Européens également. Récemment, nous avons refoulé le titulaire d’un passeport français. Nous avons bien sûr alerté les autorités françaises », a notamment affirmé une source nigérienne.
Fin octobre, des témoins et des sources sécuritaires avaient affirmé que des centaines de jihadistes venus du Soudan et du Sahara occidental, étaient arrivés dans le nord du Mali pour se battre dans la perspective de l’envoi dans la région d’une force armée étrangère.
Frères ennemis
De fait Ansar Eddine est un mouvement surtout composé de Touaregs maliens, comme son chef Iyad Ag Ghali. Mais c’est avec l’aide d’autres jihadistes comme ceux d’Al-Qaïda qu’il a réussi à mettre sur la touche ses frères ennemis – touaregs eux aussi – du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), évincé de la plupart des villes du Nord-Mali.
Par ailleurs, s’il a pris ses distances verbalement avec la nébuleuse d’Al-Qaïda – qu’il n’a pas évoquée mercredi – Ansar Eddine n’a pas explicité les conséquences de sa position, énoncée après une rencontre avec le président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré. Et si l’intervention en cours de préparation pourrait ne pas cibler le mouvement, celui-ci semble vouloir ménager la chèvre et le chou.
"Aqmi est partout"
« Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est partout. Sa force c’est la mobilité, on ne peut pas dire qu’on va s’attaquer à lui dans telle ou telle zone, il est dans tout le territoire malien, voire saharien », a fait valoir Mohamed Ag Aharid, qui élude la question de la charia, pourtant une revendication centrale d’Ansar Eddine jusqu’à présent.
« Nous n’avons pas évoqué [dans la déclaration publiée mardi, NDLR] le problème de la charia parce que ce sont des détails qui ne doivent pas nous bloquer », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas ici qu’il faut évoquer la charia, c’est peut-être plus tard quand on aura trouvé des compromis pour nous permettre de travailler ensemble, de ramener la paix dans le pays ».
(Avec AFP)
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