Mali : frappes aériennes au centre et sur Gao, le MNLA cherche à reprendre la main
Les frappes aériennes se poursuivent au centre du Mali, le long de la frrontière avec la Mauritanie notamment contre les troupes d’Al Qaïda au maghreb islamique (Aqmi). Kidal et Gao ont également été bombardées, dimanche 13 janvier, et les islamistes délogés de leurs bases dans cette dernière. A Tombouctou, les islamistes auraient commencé à fuir, selon Sahara Médias. Le MNLA a réagi à l’intervention de la France et de l’armée malienne, se déclarant prêt à s’impliquer dans « la lutte contre le terrorisme ».
Mis à jour le 13 janvier à 19h30.
L’armée française a poursuivi dimanche ses raids aériens contre les groupes armés islamistes au Mali, après avoir stoppé vendredi leur avance dans le centre du pays, au cours de combats qui ont fait des dizaines de morts, dont un chef islamiste selon une source de sécurité. Dimanche le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a expliqué qu’il y avait "des raids en permanence". Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain", a-t-il indiqué.
Alors que le président François Hollande estimait la veille que l’intervention française avait permis de porter un "coup d’arrêt" aux islamistes, le ministre de la Défense s’est montré prudent. "Les interventions sont toujours en cours et nous les poursuivrons pour empêcher la progression vers le Sud, ça c’est en partie fait, pas totalement", a-t-il souligné, précisant que l’intervention française permettrait aux forces maliennes de "reprendre leur marche en avant pour l’intégrité" du territoire.
Le MNLA tente de reprendre la main
Une perspective dénoncée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg malienne), qui a demandé dimanche que les forces de Bamako ne pénètrent pas dans le nord du pays, région pour laquelle elle demande un droit à l’autodétermination. "Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) attire l’attention de la communauté internationale que l’intervention armée étrangère contre les groupes terroristes ne doit pas permettre à l’armée malienne de franchir la ligne de démarcation entre l’Azawad et le Mali avant le règlement politique du conflit qui nous oppose" a expliqué le mouvement rebelle touareg, se déclarant prêt à s’impliquer dans les "opérations de lutte contre le terrorisme" afin de minimiser "les risques des victimes civiles innocentes".
Le MNLA avait lancé en janvier 2012 une offensive dans le nord du Mali, avant d’en être évincé peu après par les groupes islamistes armés Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l’islam).
Des islamistes "mieux entraînés que prévu"
"Les forces militaires françaises au Mali affrontent des groupes islamistes bien équipés, bien armés et bien entraînes, dotés d’un matériel moderne, sophistiqué", a-t-on déclaré dimanche dans l’entourage du président François Hollande. " A l’origine, on pouvait penser qu’il s’agissait de quelques soudards à bord de Toyota avec quelques armes", selon cette source. "Ils se révèlent en réalité bien équipés, bien armés et bien entraînés", ajoute-t-on de même source, notant que les groupes islamistes ont récupéré en Libye "un matériel moderne sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu’on pouvait imaginer".
"Ce qui nous a beaucoup frappés, c’est la modernité de leur équipement, leur entraînement et leur capacité à s’en servir", affirme cette source. "Ces groupes armés ont montré comment ils pouvaient endommager un hélicoptère et blesser mortellement son pilote", a-t-on souligné.
Avancée vers le Nord
Selon des témoignages sur place, des frappes aériennes ont également touché la ville Gao, où la population était semble-t-i retranchée chez elle. L’une des premières cibles aurait été le consulat d’Algérie et le camp militaire Firhoun serait également touché. Une source sécuritaire régionale a confirmé à l’AFP que "les principales bases" des islamistes, à Gao et dans sa périphérie, ont été "mises hors d’usage" par les raids français. Après ces bombardements, des habitants de Gao ne cachaient pas leur enthousiasme de voir les jihadistes atteints. "Si au moins l’armée malienne pouvait venir rapidement, vraiment, je serai content. Il faut maintenant que l’armée vienne avant que les islamistes ne reviennent ici", a déclaré un jeune étudiant résidant à Gao.
Kidal aurait également été bombardée, selon plusieurs sources. A Tombouctou, dans la zone sous contrôle des islamistes, un professeur de lettres qui a requis l’anonymat a fait état d’un "début de panique" parmi les familles des jihadistes partis combattre à Konna, assurant que "beaucoup essayent de partir dans le désert" et affirmé espérer l’arrivée de soldats français. "Depuis 9, 10 mois, on est dans un régime très totalitaire. On est coupé de tout. Franchement, on n’attend que ça! On ne peut pas imaginer que les forces françaises s’arrêtent aux portes de Konna. C’est l’occasion ou jamais d’en finir avec ces islamistes", a-t-il expliqué, joint par téléphone par l’AFP. Selon Sahara Médias, en fin de journée, dimanche, les islamistes fuyaient également la ville.
Mobilisation de l’Afrique de l’Ouest
A Bamako, les premiers éléments des troupes de la Cédéao, des officiers supérieurs, sont attendus dans la journée de dimanche. "Ils viennent organiser l’arrivée des troupes", à partir de lundi, selon une source au ministère malien de la défense. Ils seront dirigés par un général nigérian, Shehu Abdulkadir, déjà arrivé au Mali selon Lagos, qui fournira "environ 600 hommes".
Le Niger, le Burkina Faso, le Togo, et le Sénégal ont également annoncé l’envoi chacun "d’un bataillon" (environ 500 hommes) au Mali. Le Bénin a indiqué l’envoi de 300 soldats. Un sommet extraordinaire de l’organisation sous-régionale, d’abord prévu mercredi 16 janvier, devrait se tenir samedi 19 janvier à Abidjan.
(Avec AFP)
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