L’armée malienne suspectée de nouvelles exactions à Tombouctou

Une fosse commune contenant les corps de deux civils arabes a été découverte près de la ville de Tombouctou. Selon des témoins, les deux victimes avaient été arrêtées le 28 janvier par l’armée malienne, le jour même de la reprise de la ville aux jihadistes.

Les parents d’une des deux victimes retournent chez eux après l’exhumation des corps. © Baba Ahmed pour Jeune Afrique

Les parents d’une des deux victimes retournent chez eux après l’exhumation des corps. © Baba Ahmed pour Jeune Afrique

Publié le 11 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Comme l’a révélé l’agence Associated Press (AP), le 8 février, les corps de deux civils ont été découverts à Tombouctou dans une fosse commune, entre des dunes de sable où se tenait chaque année, avant la crise, le fameux Festival du désert, à l’entrée nord-ouest de la ville.

Les parents de l’une de deux victimes ont brièvement exhumé les corps, placés l’un sur l’autre, pour les identifier. Ceux-ci portaient sur eux les mêmes habits qu’ils avaient au moment de leur arrestation par l’armée malienne. Il s’agirait du directeur de la medersa (école coranique) Nour El-Moubin, Mohamed Lamine Ould Hamoud, et de l’un de ses amis, un commerçant de la ville spécialisé dans la vente des tapis de salon, Mohamed Tidiani.

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"L’armée protège tout le monde"

Selon des témoins, les deux civils ont été arrêtés le 28 janvier dernier par l’armée malienne, vraisemblablement par l’Échelon tactique interarmes (Etia) qui a suivi les militaires français lorsqu’ils ont pris le contrôle de la ville, le 28 janvier. « C’est ce jour-là, aux environs de 10 heures du matin, qu’ils ont arrêté mon mari, au niveau de sa medersa, avec son ami. Les six militaires les ont d’abord amenés à la maison, qu’ils ont fouillée, puis ont emporté les téléphones portables de mon mari avant de lui bander les yeux avec un tissu blanc. Ils ont ensuite dit à la foule de saccager notre maison et sont partis », confie à Jeune Afrique Ani Bokar Arby, l’épouse de Ould Hamoud.

Dans la fosse commune, une douille de fusil a également été retrouvée, ce qui laisse à croire que les deux civils ont été exécutés sommairement. « C’est complètement faux. L’armée protège tout le monde, Blancs ou Noirs. Nous n’avons pas besoin de ce genre d’information en ce moment », conteste le capitaine Samba Coulibaly, porte-parole des militaires maliens à Tombouctou.

Pillages

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Les deux victimes sont des arabes, membres de l’un des deux groupes ethniques avec les Touaregs qui sont accusés d’être proches des rebelles et des islamistes qui contrôlaient le Nord-Mali. À Tombouctou, depuis le départ des jihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), environ une cinquantaine de boutiques appartenant à des membres de ces communautés ont été pillées et saccagées par la population.

Le directeur de la medersa Nour-El Moubin serait de la même tribu que Sanda Abou Mohamed, le porte-parole d’Ansar Eddine à Tombouctou. Un lien qui aurait été la cause de son assassinat. Les exactions à l’égard des civils se sont multipliées ces dernières semaines. À Sévaré, en janvier, au moins quatre personnes ont notamment été exécutées et jetées dans un puits.

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Par Baba Ahmed, à Tombouctou

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