Selon Le Drian, la sécurisation du nord du Mali prendra encore « trois semaines »
Deux mois après le début de l’opération Serval au Mali, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé, mardi 11 mars, que « la sécurité globale » de l’extrême nord du Mali sera rétablie dans « trois semaines ». Soit juste avant le début du retrait annoncé des troupes françaises…
« D’ici trois semaines, (…) la sécurité globale » des massifs des Ifoghas et Timetrine « aura été retrouvée », a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans une interview au journal Le Monde datée de mardi 11 mars, deux mois après le début de l’intervention française au Mali.
« Nous poursuivons la libération de ce territoire mètre par mètre. Il y aura sûrement d’autres combats violents », poursuit le ministre, selon qui, « d’ici trois semaines, si tout se passe comme prévu, ce territoire sera complètement visité ». « Comme nous le pensions », les massifs des Ifoghas et Timetrine étaient bien « le sanctuaire majeur » d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), « qui nous oppose une résistance très violente », déclare-t-il.
Retrouvez notre "timeline" de l’intervention française → Mali : théâtre de guerre
Le ministre français est revenu sur l’imbroglio autour de la mort supposée du chef d’Aqmi, Abou Zeid, estimant que son décès était « probable », même s’il fallait « encore la confirmer ». « Aqmi est un tout. C’est l’ensemble de la structure qu’il faut mettre à bas et non pas tel ou tel leader », a-t-il tenu à préciser.
Dans la région de Gao, où les accrochages se poursuivent entre, d’une part, les forces françaises et maliennes, et de l’autre, les islamistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique), Jean-Yves Le Drian estime qu’ « il n’est pas certain que les opérations durent plus longtemps que dans les Ifoghas ».
À Gao, plus grande ville du nord du Mali, quelques bars commencent même à rouvrir leurs portes. Le "petit Dogon" et le Thilephanso ont accueilli cette semaine leurs premiers clients, après des mois d’une fermeture imposée par les jihadistes. Au-delà des bars qui ressuscitent timidement, les habitants de Gao s’emploient à tourner la page de l’occupation, à coups de pinceaux. Depuis des semaines, Yacouba Maïga, un conseiller municipal, a répandu sur les murs et les panneaux de la ville les 80 kilos de peinture achetés avec d’autres élus. Objectif : masquer les messages islamistes écrits un peu partout par les jihadistes.
La burka de la peur
L’inscription « place de la Charia » a été repeinte en blanc. À l’entrée de la ville, le message de « bienvenue à l’État islamique Gao » a été remplacé par « État malien ». Et les dizaines de messages portant sur Dieu et son prophète Mahomet ont presque tous été recouverts. « Avec les attaques et les kamikazes qu’il y a eu, [en février, quand des jihadistes ont mené des raids en ville, NDLR], les gens se demandaient si la ville avait vraiment été reprise. Psychologiquement c’était important de leur montrer que, oui, nous sommes libres », dit l’élu.
En revanche, la burka, un autre signe de l’occupation des jihadistes, est « très difficile à faire disparaître », poursuit-il. « Au début les femmes ont été traumatisées et puis elles ont pris l’habitude », note la lieutenant colonel Nema Sagara, une gradée malienne chargé du contact avec la population. Pour l’enlever, « ça prendra du temps mais elles sont en train de prendre confiance ».
(Avec AFP)
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