Mali : opération « Journées sans presse » après l’arrestation d’un journaliste
Pour protester contre l’arrestation de Boukary Daou, directeur de publication du journal privé « Le Républicain », ses confrères maliens ont décidé d’organiser des journées sans presse à partir du 12 mars.
Les responsables des organisations de la presse privée malienne, réunis en assemblée générale à la Maison de la presse du Mali, le 11 mars, ont décidé « l’instauration de Journées sans presse à compter du mardi 12 mars, jusqu’à la libération de Boukary Daou », indique un communiqué publié à la fin de la réunion. Les patrons de presse décident également de déposer « plainte contre l’État pour arrestation arbitraire de notre confrère du journal Le Républicain », ajoute le texte.
Le 6 mars, les services de renseignement maliens ont arrêté Boukary Daou pour avoir publié la lettre ouverte au président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, d’un groupe des militaires mécontents. « Nous avons appris que pendant que nous mourrons, nous, dans le grand désert, le capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’État, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions de F CFA » (plus de 6 000 euros) par mois », peut-on lire dans cette lettre signée d’un certain capitaine Touré. Qui menace : « Si cette décision n’était pas annulée dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, c’est-à-dire mes éléments et moi, de combattre ».
Protection des sources
De son côté, l’armée malienne assure qu’il n’y a sur le terrain des opérations au nord aucun officier au grade de capitaine répondant au nom de Touré. Et « le directeur de l’information et des relations publiques des armées invite la presse nationale et internationale à plus de vigilance face à des entreprises obscures qui cherchent à compromettre la cohésion et la discipline au sein des troupes sur le terrain », dit un communiqué lu à la télévision nationale dans le journal de 20 heures du 11 mars.
« Les investigations judiciaires sont en cours par les services compétents pour identifier le ou les vrais auteurs de cette lettre supposée ou réelle qui cherche à démobiliser notre armée sur le terrain », indique le même communiqué. Pour libérer Boukary Daou, « les agents de la sécurité d’État lui demandent de donner le nom des auteurs du document incriminé et il a refusé, ce qui est son droit car les journalistes doivent protéger leurs sources », explique Kassim Traoré, le président de l’Organisation des jeunes reporters du Mali.
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Par Baba Ahmed, à Bamako
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