Centrafrique : Djotodia suspend les institutions et gouverne par décrets

Même s’il ne s’est pas encore officiellement proclamé président, Michel Djotodia entre dans ses habits de nouveau chef de l’État centrafricain. Avec une méthode qui n’a rien d’original : suspension de la Constitution et de l’Assemblée nationale.

Michel Djotodia, au quartier général de la Fomac, le 14 mars 2013. © Vincent Fournier pour J.A.

Michel Djotodia, au quartier général de la Fomac, le 14 mars 2013. © Vincent Fournier pour J.A.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 26 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

La boîte à outil du bon petit putschiste… À peine arrivé au pouvoir, le chef de la rébellion Séléka, Michel Djotodia, se comporte en parfait autocrate, à défaut de pouvoir encore être qualifié de dictateur… Suspension de la Constitution, dissolution du Parlement, législation par décrets et ordonnances dans la conduite des affaires du pays : en affichant sa méthode de gouvernement lors d’un discours à la presse, lundi, le nouveau chef de l’État centrafricain n’a pas pris de gants.

« J’estime nécessaire de suspendre la Constitution du 27 novembre 2004, de dissoudre l’Assemblée nationale ainsi que le gouvernement. Pendant cette période de transition qui nous conduira à des élections libres, crédibles et transparentes, je vais légiférer par ordonnances », a déclaré Michel Djotodia. Seule concession faite par ce dernier : il ne s’est pas explicitement autoproclamé président de la République, même s’il se pose clairement en nouveau maitre du pays, ce que l’Union africaine a sèchement condamné.

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« Michel Djotodia est le nouveau président, c’est acquis. L’opposition le reconnaît », a réagi le porte-parole du gouvernement d’union nationale, Crépin Mboli Goumba, opposant au régimé Bozizé. « Nous sommes dans l’esprit de Libreville, a-t-il ajouté. Il y avait cinq signataires à Libreville (clan Bozizé, opposition, Séléka, rebelles ayant déposé les armes, société civile). Toutes ces parties seront représentées dans le nouveau gouvernement mais pas dans les mêmes proportions ».

"Transition consensuelle"

« En respectant l’esprit des accords de Libreville, je vais reconduire le Premier ministre (Nicolas Tiangaye), chef du gouvernement d’union nationale dans ses fonctions », avait déclaré Djotodia lors de son allocution, lundi. « Nous nous engageons à conduire désormais les destinées du peuple centrafricain pendant cette période de transition consensuelle de 3 ans conformément aux accords politiques de Libreville », a-t-il ajouté avant d’énumérer les objectifs du prochain gouvernement.

« Restaurer la paix et la sécurité, réorganiser les forces de défense et de sécurité, réorganiser l’administration territoriale » et « poursuivre le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) » des anciens combattants seront les principaux chantiers de la transition en cours. « Nous regrettons les dégâts collatéraux (pillages, violences) et nous nous emploierons à y mettre fin très rapidement », a également affirmé Michel Djotodia qui demande aux « travailleurs du secteur public et privé de reprendre le travail dès demain mardi ». Selon Crépin Mboli Goumba, des « patrouilles mixtes entre la Séléka et la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale) ont commencé à patrouiller cette nuit (de dimanche à lundi) pour arrêter les pillages ». Un couvre-feu de 19h à 6h du matin a été décidé.

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(Avec AFP)

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