Législatives guinéennes : les trois causes de la discorde

Désormais fixées au 30 juin par le président Alpha Condé, les législatives en Guinée-Conakry ont été reportées à plusieurs reprises depuis 2011. Mais l’opposition estime que les conditions ne sont toujours pas réunies pour que le scrutin se tienne de manière transparente. Coup de projecteur sur les obstacles qui perturbent le processus électoral.

Le président guinéen Alpha Condé à Conakry, le 10 mars 2013. © AFP

Le président guinéen Alpha Condé à Conakry, le 10 mars 2013. © AFP

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Publié le 16 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Alpha Condé a tranché. « Les électeurs sont convoqués le 30 juin 2013 pour les élections législatives ». Bien qu’elle ait été réclamée depuis longtemps, la décision du président guinéen, rendue public le 13 avril, ne rassure pas l’opposition, qui accuse le pouvoir de vouloir « ignorer [ses] revendications dont la prise en compte ne permettrait pas l’organisation des scrutins à cette date », explique Aboubacar Sylla, le porte-parole du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition.

Au même moment, la mouvance présidentielle, de son côté, se réjouit de l’annonce de la date des législatives, qui n’ont cessé d’être repoussées depuis… 2011. Alhousseine Makanera, membre du bureau politique du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) Arc-en-ciel, plateforme politique au pouvoir, appelle l’opposition politique à « prendre ses responsabilités pour permettre au pays de se doter enfin d’un Parlement issu des urnes ».

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« Pas question », répond Aboubacar Sylla, qui annonce au contraire la « reprise des manifestations pacifiques » à partir du 18 avril pour contraindre le pouvoir à répondre d’abord aux revendications de l’opposition avant d’aller aux élections. À ce jour,  trois principaux points divisent encore pouvoir et opposition :  le choix de l’opérateur technique chargé de la révision du fichier électoral, le vote des Guinéens de l’étranger et le fonctionnement interne de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

1.Opérateur technique électoral

Pour les partis politiques de l’opposition, l’opérateur sud-africain Waymark désigné pour la mise à jour du fichier électoral, « est non seulement techniquement limité mais aussi de connivence avec le pouvoir ». Aboubacar Sylla soutient que si le gouvernement refuse le « remplacement » de Waymark, c’est parce qu’« il y a un deal entre eux pour confectionner un fichier électoral sur mesure qui sera défavorable à l’opposition et fera la part belle à la mouvance présidentielle ».

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Du côté de la mouvance présidentielle, « toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour que les uns et les autres comprennent la performance de l’opérateur [Waymark] qui est mis en place ». Alhousseine Makanera considère même que l’opposition politique est de « mauvaise foi » lorsqu’elle parle de l’« opacité » dans le choix de Waymark. « L’appel d’offres existe dans les archives et il a non seulement été affiché à la Ceni mais aussi radiotélévisé », affirme-t-il.

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2.Vote des Guinéens de l’étranger

Le collectif des partis de l’opposition plaide également pour le vote des Guinéens qui vivent à l’étranger. Il s’agit simplement d’une « interprétation correcte du code électoral », plaide Aboubacar Sylla, accusant le président Condé de chercher à empêcher que les « 80 % des Guinéens de l’étranger [qui] votent traditionnellement pour le candidat de l’opposition » ne viennent « l’affaiblir davantage lors du scrutin à venir ».

Autre son de cloche du côté de la mouvance présidentielle qui estime en revanche qu’« aucune loi aujourd’hui en république de Guinée ne permet aux Guinéens de voter à partir de l’extérieur ». Alhousseine Makanera rappelle alors l’opposition qu’« on ne respecte pas la loi parce qu’elle est juste mais parce qu’elle est loi ».

3.Fonctionnement interne de la Ceni

Dernier point de discorde, c’est le fonctionnement interne de la Ceni qui serait aujourd’hui « prise complètement en otage par un petit groupe de cinq à six commissaires qui reçoivent directement leurs instructions de la présidence de la République », selon Aboubacar Sylla. « Les commissaires de l’opposition sont seulement là pour la forme », se plaint-il.

Mais, pour Alhousseine Makanera, le « problème » est ailleurs. Le membre de la mouvance présidentielle regrette que « les commissaires désignés par l’opposition se considèrent toujours comme l’opposition au sein de la Ceni ».

Des différences de vue qui risquent de perturber encore le processus électoral en cours. L’opposition a même déjà demandé à ses membres de « geler » leur participation à la Ceni. Des manifestations et des journées mortes sont également prévues, dans les jours à venir, pour demander au gouvernement de tenir compte de ses revendications. Et donc de reporter une nouvelle fois le scrutin.

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Par Trésor Kibangula

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