Togo : une grève, deux morts et une tentative d’apaisement

Le Togo est en deuil à la suite au décès de deux élèves au cours d’une manifestation à Dapaong, le 15 avril. Si le drame a accéléré la conclusion d’un accord décisif entre État et syndicats, la tension reste palpable à Lomé.

Des policiers togolais à Lomé en 2012. © Reuters

Des policiers togolais à Lomé en 2012. © Reuters

Publié le 23 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

« Nous voudrions qu’on présente publiquement les personnes qui ont commis les crimes à Dapaong », a déclaré Akéta Abalo, membre du syndicat d’enseignants Synpet à la sortie d’une réunion avec le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, dimanche 21 avril.

Voilà un peu plus d’une semaine qu’Anselme Gouyano Sinandare, 12 ans, a été tué par le tir d’un policier de Dapaong, au nord du Togo, lors d’une mobilisation étudiante organisée le 15 avril, en solidarité avec la grève des enseignants et des fonctionnaires togolais. Deux jours plus tard, Douti Sinanléngue, 22 ans, a aussi perdu la vie des suites d’une contusion abdominale provoquée, selon les syndicats, par des coups de crosse d’un policier au cours de la même manifestation. Alors pour les représentants syndicaux des enseignants, pas question de retrouver les bancs d’école tant que « la lumière n’est pas faite sur ces crimes », malgré le communiqué du gouvernement annonçant la réouverture des établissements scolaires, lundi 22 avril.

Trouver un accord définitif, revenir à un apaisement est une façon d’honorer la mémoire de cet enfant.

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Pour calmer les esprits, les autorités togolaises ont décidé de faire d’une pierre deux coups. D’abord, revenir sur le communiqué polémique publié par le gouvernement le jour de la mort d’Anselme, évoquant des « tirs de sommation des policiers ». « L’auteur de cet acte [le meurtre, NDLR] a été arrêté ; il doit être et va être sanctionné », assure désormais le ministre du Travail, Hamadou Yacoubou, à Jeune Afrique. Depuis son bureau, il a par ailleurs affiché son souhait « que cet enfant ne soit pas mort pour rien. Trouver un accord définitif, revenir à un apaisement est une façon d’honorer la mémoire de cet enfant. »

Mouvement social

La marche des étudiants de Dapaong n’était que le dernier épisode d’un mouvement social long de trois mois de tous les fonctionnaires togolais, réunis au sein de la Synergie des travailleurs du Togo (STT). Selon Atchi Walla, coordinateur adjoint de la STT, « Il n’y a pas encore eu d’accord. Les revendications de la STT – indemnité de départ à la retraite, actualisation de la grille salariale, paiement d’arriérés des allocations familiales, etc.- ont été mise de côté, car le budget 2013 a déjà été voté. Mais le gouvernement a proposé de distribuer un forfait de 30 000 francs CFA par agent de l’État cette année et d’étudier notre plateforme de revendications pour le futur budget de 2014 », explique ce jeune docteur depuis le service de traumatologie de l’hôpital de Lomé.

Reste que la polémique autour de la mort de Douti Sinanléngue freine l’apaisement. Le 18 avril, le procureur de Dapaong a dénoncé les « allégations » de certains médias au Togo et à l’étranger (RFI, NDLR), selon lesquelles Sinanlengue Douti serait mort à la suite de l’intervention policière. Démenti aussi du ministre du Travail, qui assure que « si on nous donne des preuves que sa mort est liée à une maltraitance, on en prendra acte. » Pour le docteur Walla, « il est effarant d’entendre le procureur et le ministre du Travail reconnaître qu’il y a eu une contusion abdominale, sans conclure qu’il est mort des suites des coups qu’il a reçus. »

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