Ségolène Royal : « Je n’ai aucune angoisse de la disparition »
Dans un restaurant parisien proche des Champs-Élysées, Ségolène Royal répondait, le 2 juillet, aux questions de l’Association de la presse panafricaine (Appa). Au menu de cette rencontre : peu d’actualité africaine et beaucoup de politique française. Du non-cumul des mandats au droit de vote des étrangers, en passant par son ex-protégée Delphine Batho – qui sera limogée du ministère de l’Écologie quelques heures plus tard – une fois de plus, la présidente de la région Poitou-Charentes a démontré qu’elle n’avait pas la langue dans sa poche et qu’elle était encore bien présente. Morceaux choisis.
(Mis à jour à 20h00)
Invitée à parler de son dernier livre, Cette belle idée du courage (sorti chez Grasset en mai), devant l’Association de la presse panafricaine (Appa), le 2 juillet, Ségolène Royal n’a pas failli à sa réputation. Elle n’a pas mâché ses mots pour juger l’action du gouvernement français, les agissements de certains de ses membres ou encore les thèmes brûlants de l’actualité.
La présidente de la région Poitou-Charentes et vice-présidente de la Banque publique d’investissement (BPI) française, native de Dakar, revendique volontiers ses racines sénégalaises. Mais, devant les journalistes de l’Appa, dans un restaurant des Champs-Élysées, elle ne s’est pas étendue sur les questions africaines, dont l’élection présidentielle malienne prévue le 28 juillet, aujourd’hui un peu plus éloignées de ses préoccupations.
En revanche, interrogée sur l’actualité politique française, Ségolène Royal n’a pas été avare en commentaires. Et tout le monde en a pris pour son grade, y compris dans son propre camp. À commencer par son ex-protégée, Delphine Batho. La députée des Deux-Sèvres, qui a succédé dans sa circonscription à Ségolène Royal en 2007, vient d’être limogée de son poste de ministre de l’Écologie, par le chef de l’État, François Hollande.
- Delphine Batho
« Elle n’est pas très correcte avec moi, mais je n’attends rien d’elle. » Et de poursuivre : « Jamais il ne m’est venu à l’idée de taper sur les gens qui m’avait aidé à émerger pour exister. Il y a des gens qui se forgent dans les fidélités et d’autres qui s’émancipent en donnant des coups de pieds. En général, ce sont les gens les plus médiocres qui font cela. Les gens solides, ceux qui ont de l’avenir, n’oublient pas d’où ils viennent. »
Il y a des gens qui se forgent dans les fidélités et d’autres qui s’émancipent en donnant des coups de pieds.
- Droit de vote des étrangers
Interrogée sur le rétropédalage du gouvernement de Jean-Marc Ayrault sur le droit de vote des étrangers, Ségolène royal a rappelé qu’elle n’y était pour sa part, pas favorable, « la question de l’égalité étant plus importante que la question du droit de vote. Mais les promesses du président François Hollande doivent être tenues. »
- Le non-cumul des mandats
« C’est lamentable. Les Français sont favorables au non-cumul des mandats et pourtant personne n’a le courage de prendre une mesure ! Tous les obstacles que j’ai affrontés – notamment à la Rochelle, où droite et gauche se sont ralliées à la candidature dissidente lors des dernières élections législatives – étaient liés à ce sujet. C’est une mesure que je me suis appliquée à moi-même et qui aurait été appliquée à tout le monde dans les 15 jours si j’avais accédé à l’Assemblée… »
- Najat Vallaud Belkacem
L’actuelle ministre française des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement a par contre son soutien : « Najat est parfaitement correcte. Je l’ai formée et elle ne le nie pas. Aujourd’hui elle fait très bien son travail et en plus elle est fidèle. »
- Classe politique
« Je suis la seule responsable politique à avoir formé une nouvelle génération politique. J’ai fait émerger des responsables politiques comme Manuel Valls mais aussi Vincent Peillon, Arnaud Montebourg ou encore Aurélie Filippeti. J’ai bénéficié de la mise en orbite par François Mitterrand et je me suis dit que je devais faire pareil pour aider la nouvelle génération.»
- L’avenir
Quant à son futur politique et son retour sur la scène politique nationale, celle qui explique « avoir pris beaucoup de recul sur la politique politicienne », n’écarte aucun scénario : « Il faut avoir de la patience, être présent et se tenir prêt. On ne sait pas ce qui peut se passer. » Avant d’ajouter : « Le problème n’est pas d’exister ou de ne pas exister. Je n’ai aucune angoisse de la disparition. En tant qu’ex-candidate à la présidentielle, je suis installée à vie dans la vie politique française. Et cela me donne aussi une grande liberté, qui, je pense, fait ma force. » « Une force trop encombrante pour entrer au gouvernement ? », lui demande-t-on. « C’est sûr que pour entrer dans un gouvernement, mieux vaut se taire que parler », lance-elle en riant. Une chose, qu’elle ne semble assurément pas être prête à faire…
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