Après 20 ans d’attente, Copenhague autorise la construction d’un minaret

Dans quelques semaines, un minaret de 22 mètres viendra surplomber la ville de Copenhague, au Danemark. Cette construction fait suite à l’autorisation du conseil municipal de la ville de construire une mosquée dans le nord-ouest de la capitale. Si les travaux sont loin d’être terminés, l’édification d’un lieu de culte au cœur d’un pays régulièrement aux prises avec des scandales islamophobes représente un symbole fort pour la communauté musulmane danoise.

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Publié le 27 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Depuis plusieurs années, les musulmans danois pratiquent leur religion dans des mosquées de fortune. Des appartements aux fabriques désaffectées de la capitale, les croyants ont dû aménager des salles de prières pour combler la pénurie de lieux de culte à Copenhague. Pourtant, dans quelques mois, les fidèles auront enfin leur propre mosquée dotée d’un minaret, actuellement en construction, après de nombreuses années d’attente. "Cette édification représente l’acceptation officielle de la communauté musulmane", se félicite Hamid el Mousti, ancien conseiller municipal de Copenhague et fervent défenseur de la construction d’un lieu de culte musulman dans le pays.

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Cela fait désormais plus de vingt ans que cet ancien adjoint au maire suit l’épineux dossier des mosquées au Danemark. En 1990, la commune de Copenhague donne sa première autorisation pour l’édification d’une mosquée au cœur du quartier universitaire de la ville… mais celle-ci restera sans suite. "Nous aurions pu construire des dizaines de mosquées depuis vingt ans mais il nous manquait toujours le financement", confie Hamid el Mousti. Désormais, la question ne se pose plus, puisque le lieu de culte en construction est subventionné par le Qatar.

De l’islamophobie à l’intégration

Dans un pays confronté, comme beaucoup d’autres nations européennes, à l’islamophobie, ce projet de construction d’un lieu de culte musulman, financé par la famille royale qatarie, à hauteur de 150 millions de couronnes (20 millions d’euros), n’est pas passé inaperçu. Le parti du peuple danois (DPP), une formation d’extrême-droite, n’a d’ailleurs pas tardé à faire part de son mécontentement. Son porte-parole, Carl Christian Ebbesen, a vivement critiqué la construction du "symbole d’une religion qui ne reconnaît ni la démocratie ni les droits des femmes". Dans une tribune publiée en juillet dernier dans le journal Politiken, l’ancienne ministre danoise de l’emploi et de l’égalité des chances, Inger Stojberg, appelait également les Musulmans à "aller voir ailleurs" s’ils n’étaient pas prêts à intégrer les valeurs danoises.

En vingt ans, la communauté musulmane a doublé, atteignant près de 225 000 personnes, soit environ 4 % de la population danoise. Huit ans après l’épisode controversé des caricatures du prophète, publiées dans le journal Jyllands Posten, la construction d’une grande mosquée dans le pays représente un véritable tournant dans la politique d’intégration du pays. Pour autant, ce pas en avant n’est pas sans limites. Si, dans les mois à venir, les musulmans auront leur lieu de culte officiel, ils devront tout de même adapter les rituels du culte musulman à la législation danoise qui interdit l’appel à la prière. Un minaret, oui, mais sans le chant du muezzin, donc !
 

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