Crise dans le Kivu : l’ONU maintient ses accusations d’ingérence contre le Rwanda

Les Nations unies ont intensifié, jeudi 30 août, l’engagement de leur brigade d’intervention au côté de l’armée régulière congolaise contre les rebelles du M23, dans l’est de la RDC. L’ONU a aussi – de nouveau – accusé le Rwanda d’ingérence dans le conflit.

Des soldats de la Monusco assis sur des tanks le 13 août 2012 à Kibati, à 10 km de Goma. © AFP

Des soldats de la Monusco assis sur des tanks le 13 août 2012 à Kibati, à 10 km de Goma. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 30 août 2013 Lecture : 3 minutes.

L’Organisation des Nations unies (ONU) a une nouvelle fois pointé du doigt Kigali dans le conflit qui oppose l’armée congolaise à la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23). Cité par des diplomates à New York, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet, a déclaré que l’ONU avait des "informations crédibles et cohérentes" sur un soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23. Depuis une semaine, des affrontements, dont l’intensité a monté d’un ton mercredi et jeudi, ont repris au nord de la ville de Goma.

Selon ces mêmes sources, Edmond Mulet a parlé d’infiltration de troupes rwandaises en République démocratique du Congo (RDC) "pendant ces derniers jours". Il s’exprimait à huis clos lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation au Nord-Kivu, province dont Goma est la capitale.

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Jeudi, l’artillerie et les hélicoptères de la brigade d’intervention de l’ONU ont soutenu une nouvelle offensive de l’armée régulière contre le M23 à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma. Les affrontements, qui durent depuis une semaine, se déroulent près des villages de Kibati et Mutaho sur des collines, où, selon une source militaire occidentale, "plusieurs centaines" de rebelles tiennent leurs positions et ripostent avec des mortiers.

L’opération a pour but de "dégager le M23 des positions à partir desquelles il tire sur les positions civiles", a dit le porte-parole militaire de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), le lieutenant-colonel Prosper Basse. À Johannesburg, l’armée sud-africaine a affirmé que ses tireurs d’élite avaient visé des postes de commandement du M23, et fait "six morts".

BIlan imprécis

Les contingents de casques bleus de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie qui ont participé aux combats doivent encore être rejoints par 1 000 soldats du Malawi pour compléter le déploiement de la brigade d’intervention et porter ses effectifs à 3 000 hommes. Selon une journaliste de l’AFP présente à la lisière de Goma, dans la ville de rwandaise de Gisenyi, la situation était calme en fin d’après-midi et on n’entendait plus de bruits de combats depuis au moins 16h00 (14h00 GMT).

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De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué dans un communiqué que des affrontements continuaient "dans d’autres territoires du Nord-Kivu", notamment celui de Rutshuru, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Goma. Selon un autre communiqué, publié par le M23, de violents combats déclenchés le matin se poursuivaient "dans les environs" de Goma, et plus au nord encore.

Aucun bilan n’a pu être obtenu tant auprès de l’armée gouvernementale que des rebelles depuis une semaine. Selon une source militaire occidentale, les pertes seraient "lourdes". Mercredi, l’ONU avait déploré la mort d’un casque bleu tanzanien. Plusieurs civils ont perdu la vie à cause de chutes d’obus sur Goma et la ville voisine de Gisenyi, au Rwanda, où, selon un élu local, une femme a été tuée jeudi, et son enfant grièvement blessé.

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Kigali promet de défendre son territoire

Après cette mort, Kigali a dénoncé un bombardement "inacceptable" et accusé, comme elle le fait régulièrement, la RDC de viser les civils. "Cette provocation ne peut plus être tolérée. Nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire", a averti la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Selon des journalistes, des véhicules militaires rwandais, dont des blindés, ont été vus jeudi soir sur la route reliant Kigali à Gisenyi, en direction de la frontière avec la RDC. À New York, Edmond Mulet a déclaré au Conseil de sécurité que la Monusco n’avait pas constaté de tirs sur le Rwanda de la part des forces gouvernementales congolaises (FARDC). Il a indiqué que la Mission de l’ONU en RDC avait en revanche "constaté des tirs d’artillerie du M23" sur le Rwanda. Dans cet environnement tendu, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a contacté le président rwandais Paul Kagamé pour l’inciter à la retenue.

La brigade d’intervention de l’ONU renforce la Monusco et ses 17 000 soldats souvent accusés d’inefficacité par les civils congolais. Elle est dotée d’un mandat offensif pour combattre et désarmer les différents groupes armés présents dans l’est de la RDC.

Le Nord-Kivu est une province extrêmement riche en minerais et l’une des régions les plus densément peuplées de la RDC. L’instabilité y est chronique depuis près de vingt ans, et le M23 (Mouvement du 23-Mars) actif depuis mai 2012. Kinshasa et l’ONU accusent régulièrement le Rwanda et l’Ouganda de soutenir ce groupe de rebelles, qui revendique une meilleure reconnaissance des populations tutsies congolaises, ce que les deux pays ont toujours démenti.

(Avec AFP)

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