Le blogueur algérien Abdelghani Aloui incarcéré pour avoir critiqué Bouteflika
Le blogueur algérien Abdelghani Aloui, originaire de Tlemcen (Ouest) a été incarcéré et officiellement inculpé pour apologie du terrorisme et outrage au chef de l’État. Son tort ? Avoir publié sur son compte Facebook des caricatures et des commentaires acerbes visant le président Abdelaziz Bouteflika.
On ne peut pas tout dire en Algérie. Le blogueur Abdelghani Aloui, 25 ans, de Tlemcen, en fait l’amère expérience. Après avoir posté sur son compte Facebook des photomontages ironiques sur le président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal, accompagnés de commentaires dénonçant un éventuel quatrième mandat de l’actuel chef de l’État, la gendarmerie locale a ouvert une enquête à son encontre. Les 14 et 15 septembre, les forces de l’ordre mènent une perquisition à son domicile en l’absence du concerné. Ils ne trouvent rien sauf… un cache-nez couvert de l’inscription " La ilaha illa Allah " ("Il n’y a de Dieu que Dieu").
Les policiers laissent une convocation, et, quelques jours plus tard, Abdelghani Aloui se présente dans un commissariat d’Alger. Il y reste en garde-à-vue pendant dix jours, comme le permet la loi anti-terroriste. Présenté au procureur du tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger, il est ensuite officiellement inculpé par un magistrat instructeur pour "outrage au chef de l’État, aux corps constitués et apologie du terrorisme". Selon les articles 144 et 148 du code pénal, il risque de deux à cinq ans de prison.
"Je vais demander sa remise en liberté"
Emprisonné à la prison Serkadji, dans le quartier algérois de Bab el-Oued, Aloui a déjà eu une première audition avec un juge d’instruction. Une seconde est prévue dimanche 13 octobre. "Je vais demander sa remise en liberté, confie Me Amine Sidhoum à Jeune Afrique. Cette affaire est une grave atteinte à la liberté d’expression et à la convention des droits de l’homme signée par les autorités algériennes".
C’est la deuxième fois qu’un blogueur algérien est inculpé de la sorte. En juillet 2012, Saber Saidi, un cyber-activiste de 33 ans, avait eu maille à partir avec la justice pour apologie de terrorisme après avoir partagé des vidéos sur les révolutions arabes et sur des mouvements d’opposition algériens. Jugé en avril 2013, il avait finalement été acquitté.
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Farid Alilat et Benjamin Roger
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