Libye : déploiement de l’armée à Tripoli, attentat manqué à Benghazi
Trois jours après des heurts meurtriers entre miliciens à Tripoli, l’armée a commencé, lundi, à se déployer dans la capitale libyenne. Un déploiement exceptionnel sur instruction du ministre de la Défense qui coïncide avec l’annonce des responsables de Misrata de retirer leurs troupes de la ville. Au même moment à Benghazi, le gouverneur échappait à un attentat. Une « détérioration de la situation » qui préoccupe l’Union européenne.
Mis à jour le 19 novembre 2013 à 9 heures 30.
Des "unités de l’armée nationale sont sur le point d’entrer dans la ville de Tripoli à partir de plusieurs axes en vue de leur déploiement pour la sécuriser", a indiqué, le 18 novembre, un communiqué du gouvernement libyen, avant que les forces nationales ne commencent effectivement à se déployer.
Il s’agit d’un déploiement exceptionnel de dizaines de blindés sur instruction du ministère de la Défense qui appelle les habitants de Tripoli à apporter "toutes les facilités" aux troupes pour leur permettre de s’acquitter de leur mission.
Plus tôt dans la journée, des autorités de Misrata ont annoncé qu’elles retiraient leurs milices de Tripoli, après les heurts meurtriers de vendredi. "Les miliciens ont commencé à quitter la capitale", ont confirmé lundi des responsables du gouvernement.
Enlèvement d’un responsable
Vendredi, une manifestation dans la capitale contre une de ces milices avait dégénéré en affrontements armés et fait plus de 40 morts, les violences les plus meurtrières à Tripoli depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.
Signe de la violence persistante dans la capitale libyenne, le numéro deux des services de renseignements libyens, Moustapha Nouh, avait été emmené de force par des inconnus alors qu’il quittait l’aéroport international de Tripoli sans protection policière. "Le responsable, originaire de la ville de Misrata, a été libéré quelques heures plus tard par ses ravisseurs", a annoncé un responsable libyen, sans donner plus de détails.
Cet enlèvement n’a pas été revendiqué mais les diverses milices qui imposent leur loi en Libye depuis la chute du colonel Kadhafi il y a deux ans se sont souvent rendues coupables de tels actes.
Attentat à Benghazi
Si le retrait des Misratis devrait calmer la situation, il ne mettra pas fin à la présence des milices dans la capitale, dont celles de Zenten qui contrôlent plusieurs quartiers à Tripoli, en particulier la route de l’aéroport. Par ailleurs, le colonel Abdallah al-Saiti, le gouverneur militaire de la ville de Benghazi, chef lieu de l’est libyen, a échappé lundi matin à une tentative d’assassinat au cours de laquelle un de ses compagnons a été tué et un autre grièvement blessé. Depuis plus de trois ans, l’est libyen est régulièrement le théâtre d’assassinats, attribués par des experts à des islamistes extrémistes.
À Al-Ajilat (ouest), un commandant ex-rebelle, chef du Conseil militaire de la ville, Youssef al-Atrach, a été assassiné dimanche soir par des inconnus dans son bureau, a rapporté l’agence libyenne Lana. Le Conseil local(équivalent d’une mairie) avait appelé à une grève générale de trois jours à partir de dimanche "en signe de deuil" et de solidarité avec les familles des victimes.
Bruxelles et États-Unis inquiets
Depuis Bruxelles, l’Union européenne s’est dit, lundi, "préoccupée par la détérioration importante de la situation politique et sécuritaire en Libye et condamné les violences du 15 novembre à Tripoli."
Pour aider les autorités à faire le poids face à ces milices, l’armée américaine a annoncé lundi qu’elle se préparait à former "5 000 à 8000 soldats libyens" en Bulgarie pour aider Tripoli à mettre en place une armée professionnelle.
Dans un communiqué, Human Rights Watch (HRW) a appelé, pour sa part, "le gouvernement libyen à tenir immédiatement sa promesse de désarmer les milices", soulignant que "les milices de Misrata avaient tiré sur des manifestants pacifiques avec des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des armes lourdes".
(Avec AFP)
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