Mali : face à des manifestants hostiles, le Premier ministre annule une visite à Kidal
Le Premier ministre malien, Oumar Tatam Ly, a été contraint jeudi d’annuler une visite à Kidal après l’intrusion de manifestants hostiles sur l’aérodrome de la ville. Informé alors qu’il s’apprêtait à décoller de Gao, le chef du gouvernement a préféré ne pas effecuter de déplacement.
À l’image du gouverneur de la ville, le colonel Adama Kamissoko, en juillet, Oumar Tatam Ly a du faire demi-tour face aux manifestants de Kidal. Attendu dans le bastion de la rébellion touarègue, jeudi 28 novembre, le Premier ministre malien a été contraint d’annuler sa visite après l’intrusion de manifestants hostiles sur l’aérodrome de la ville.
"Tôt ce (jeudi) matin, alors que nous nous apprêtions à recevoir le Premier ministre, quelques centaines de jeunes et de femmes soutenus par des responsables du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) se sont dirigés vers l’aérodrome de Kidal, décidés à empêcher l’avion (du Premier ministre) d’atterrir", a déclaré Ismael Touré, fonctionnaire au gouvernorat de Kidal.
L’information a été confirmée par une source militaire africaine à Kidal, selon laquelle les forces de la Minusma, la mission de l’Onu, n’ont pas pu empêcher que les manifestants pénètrent sur la piste d’atterrissage. "Deux jeunes étaient armés parmi les manifestants qui criaient ‘Vive l’Azawad, Vive le MNLA’", a ajouté la même source. L’entourage du Premier ministre a confirmé l’information, précisant qu’Oumar Tatam Ly avait "pour le moment" annulé sa visite.
>> Lire aussi : Kidal, ville (presque) ouverte
Selon ses proches, le chef du gouvernement se trouvait à Gao, la plus grande ville du nord du Mali (à 300 kilomètres au sud de Kidal). Lorsqu’il a appris que l’aérodrome de Kidal avait été envahi par des manifestants hostiles, il a décidé de ne pas se rendre sur place.
Fief du MNLA
D’après une source au sein du MNLA contactée par Jeune Afrique, des éléments de la Minusma ont d’abord fait usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants, qui ont résisté. L’armée malienne a ensuite tiré à balles réelles. Le bilan est encore flou mais plusieurs personnes ont été blessées. Deux femmes auraient notamment été grièvement touchées et évacuées vers l’hôpital militaire de Serval à Gao. À Kidal, un responsable de l’état-major de l’armée a démenti ces accusations.
Oumar Tatam Ly devait effectuer jeudi sa première visite à Kidal depuis sa nomination comme Premier ministre en septembre. Cette ville de l’extrême nord-est du Mali est le fief des rebelles du MNLA, dans laquelle ils ont repris pied à la faveur de l’intervention militaire française en janvier.
L’armée française, fer de lance de l’offensive anti-islamiste, y poursuit sa traque des jihadistes qui avaient occupé la ville, ainsi que les deux autres grandes agglomérations du nord du Mali, Gao et Tombouctou, pendant neuf mois en 2012. S’ils en ont été chassés en grande partie, des éléments islamistes armés continuent à sévir dans le nord du Mali, comme en témoigne l’enlèvement et le meurtre le 2 novembre de deux journalistes français à Kidal.
(Avec AFP)
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