Égypte : les Frères musulmans saisissent la CPI
La confrérie des Frères musulmans a fait savoir, lundi à Londres, par la voix de ses avocats, qu’elle a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI). Elle réclame l’ouverture d’une enquête sur de présumés crimes contre l’humanité commis en Égypte depuis l’éviction, par l’armée, du président Mohamed Morsi.
Des avocats représentant le parti Liberté et Justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, ont expliqué lors d’une conférence de presse à Londres avoir soumis à la CPI une déclaration au nom de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi dans laquelle il accepte la juridiction internationale.
Car toute la difficulté de la démarche de la Confrérie dans sa démarche est de faire valoir cette requête alors l’Égypte n’a pas ratifié le Statut de Rome instituant la CPI et que Mohamed Morsi n’est plus président.
"Un message clair doit être envoyé au régime militaire égyptien qu’il court le risque de poursuites. C’est le but de la déclaration d’accepter la juridiction", a expliqué l’avocat John Dugard à Londres.
>> Lire aussi : Une marionnette suspectée d’aider les islamistes à préparer des attentats en Égypte
Une "communication" sur les preuves de crimes
Le 20 décembre, les avocats des Frères musulmans ont aussi déposé une plainte – ou "communication" selon le terme de la CPI – détaillant des preuves, selon eux, de crimes commis depuis que Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement d’Égypte, a été chassé du pouvoir par les militaires le 3 juillet 2013.
Ils y dénoncent des crimes présumés de torture, de meurtres, d’emprisonnement illégal ou encore de disparition forcée.
La répression lancée par les nouvelles autorités égyptiennes a fait plus de 1 000 morts et des milliers d’arrestations parmi les islamistes. Mi-août, des centaines d’islamistes sont morts dans la dispersion violente de leur sit-in par la police et l’armée sur la place Rabaa al-Adawiya au Caire.
La "communication" déposée par les Frères musulmans auprès de la CPI cite des personnes dans l’armée égyptienne, mais les avocats ont refusé lundi de divulguer des noms publiquement.
Dans la mesure où l’Égypte ne reconnaît pas la CPI et que Mohamed Morsi n’est plus au pouvoir, il est difficile de savoir jusqu’où la plainte peut aller. Le procureur de la CPI ne peut ouvrir une enquête qu’à la demande d’un État ayant ratifié le Statut de Rome ou reconnaissant la juridiction de la Cour, à la demande aussi du Conseil de sécurité des Nations unies ou alors de sa propre initiative.
Les avocats des Frères musulmans partent du principe que leur plainte est recevable dans la mesure où, selon eux, l’administration de Mohamed Morsi continue d’être le gouvernement légal de l’Égypte.
Toutefois, depuis l’entrée en fonction de la CPI en 2002 à La Haye, aucune des quelque 8 000 "communications" que le bureau du procureur a reçues n’a abouti.
(Avec AFP)
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