Procès Hissène Habré : le Tchad se constitue partie civile

Pour ouvrir un volet économique dans le procès Hissène Habré, le Tchad a demandé mardi à se constituer partie civile. Une démarche condamnée par le collectif d’avocats des familles des victimes.

Hissène Habré après une audition par un juge, le 22 juillet 2013 à Dakar. © AFP

Hissène Habré après une audition par un juge, le 22 juillet 2013 à Dakar. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 26 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Il y a au moins un cas où la justice internationale africaine progresse : celui du procès de l’ex-président tchadien exilé au Sénégal Hissène Habré. Rejoignant dans la procédure le millier de personnes qui se considèrent comme "victimes directes et indirectes" du régime de l’ancien dictateur (1982-1990), l’État tchadien s’est constitué partie civile, mardi 25 février, dans une lettre officielle déposée dans la matinée au greffe des Chambres africaines extraordinaires, le tribunal spécial créé à Dakar en vue de juger Habré.

Objectif de cette procédure : N’Djaména entend ouvrir un volet économique dans l’affaire, alors que l’ancien président est inculpé de crimes contre l’humanité et tortures commis au cours de ses huit ans au pouvoir avant d’être renversé en 1990 par l’actuel président Idriss Deby Itno. "Dans l’état actuel des choses, la République du Tchad est la victime parfaite des agissements de Hissène Habré" puisque "dans sa fuite (…), il n’a pas oublié d’emporter (de l’argent), de vider les caisses de l’Etat", a affirmé le ministre tchadien de la Justice, Béchir Madet à l’antenne de la télévision publique sénégalaise RTS.

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Indemnisations

"Ce préjudice financier nécessite (…) une constitution de partie civile", a de son côté affirmé Me Houssine, coordonnateur du pool d’avocats du Tchad. "Dans la procédure n’ont pas compétence de se constituer partie civile sur l’aspect économique, et seul l’Etat tchadien qui a subi des préjudices économiques est habilité" à le faire pour ce volet, a poursuivi Me Houssine.

"En entrant dans la procédure, nous, République du Tchad, nous voulons aider les Chambres africaines à faire un procès" qui permettra "d’abord à beaucoup de familles de faire leur deuil, ensuite "de pouvoir indemniser les survivants ou leurs ayants droit" et "au peuple tchadien de se réconcilier", a précisé le ministre Madet.

Hostilité des avocats des victimes

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Mais le collectif des avocats des victimes du régime d’Hissène Habré ne voient pas du tout les choses de la même façon et conteste l’approche de N’Djaména. Dans un communiqué transmis à l’AFP, il estime que la procédure tchadienne "n’a pas de base juridique" et qu’elle "devrait être déclarée irrecevable". "Se constituer partie civile devant les Chambres africaines extraordinaires n’est pas le rôle de l’État tchadien", affirme le texte signé par Me Jacqueline Moudeina, du barreau de N’Djaména, et Me Assane Dioma Ndiaye, du barreau de Dakar.

Le collectif exhorte le Tchad à plutôt "renforcer sa collaboration avec les Chambres africaines extraordinaires en assurant la sécurité des témoins, des magistrats et des avocats des victimes et de la défense", et à transférer à Dakar trois personnes poursuivies dans le cadre du dossier résidant actuellement en territoire tchadien.

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(Avec AFP)

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