La Côte d’Ivoire débute (doucement) son premier recensement depuis 1998
Lundi, le recensement national de la population ivoirienne, le premier depuis seize ans, a débuté avec l’enregistrement du président Alassane Ouattara, de sa femme et de plusieurs cadres du régime. En revanche, il n’a pas commencé sur le terrain, faute d’enquêteurs formés.
Lundi, Alassane Ouattara et son épouse ont reçu une jeune enquêtrice, vêtue d’un gilet orange, à leur domicile de Cocody, un quartier huppé d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. "Nous ne sommes que deux. Les enfants sont grands. Ils sont partis. Nous avons bien sûr des employés mais ils vivent chez eux", lui a répondu le chef de l’État, tout sourire, devant caméras de télévision et appareils photos.
Si l’exercice de communication semble bien préparé, il masque néanmoins un raté de taille : faute d’agents formés, selon plusieurs sources, le recensement, annoncé par les autorités pour lundi, n’a pas débuté sur le terrain.
>> Lire aussi : le recensement fait polémique en Côte d’Ivoire
"Le président a été recensé symboliquement. Il est le premier à être recensé (…) L’opération va se faire progressivement", a déclaré une source au ministère ivoirien du Plan, en charge de l’enquête.
Aux côtés du couple présidentiel durant le passage de l’enquêtrice, le ministre de l’Intérieur et celui du Plan, Hamed Bakayoko et Albert Mabri Toikeusse, ont également été recensés, de même source.
"Il n’y a pas de problèmes techniques ni logistiques", a observé cette source.
Opération "capitale pour la Côte d’Ivoire"
Le recensement est "une obligation pour tout État moderne" et devrait se tenir plus fréquemment, tous les 5 ou 8 ans, a affirmé M. Ouattara devant la presse, muni d’un certificat de recensé.
"Chers compatriotes, je vous encourage à vous faire recenser (…) Cette opération est capitale pour la Côte d’Ivoire", a-t-il lancé solennellement.
Le recensement, organisé tous les dix ans, n’avait pu se tenir en 2008 en raison de la crise secouant la Côte d’Ivoire, alors coupée en deux.
La dernière enquête nationale date de 1998. Le pays comptait alors 16,3 millions d’habitants. Soit 6 ou 7 millions de moins que la population estimée aujourd’hui.
Cette opération se déroule dans un contexte post-crise où la question de la nationalité avait déclenché une décennie de contestations politico-militaires. L’opposition est fortement opposée à l’enquête, qu’elle qualifie d’"inopportune".
D’un coût global de 12 milliards de francs CFA (environ 18 millions d’euros), l’opération mobilisera 30.000 agents qui sillonneront plus de 10.000 villages, munis de smartphones et non plus de formulaires en papier.
(Avec AFP)
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