Centrafrique : comment lutter contre les anti-balaka ?

La Misca (force africaine) a officiellement déclaré la guerre aux milices anti-balaka : elles sont désormais considérées « comme des ennemis », a déclaré mercredi le général Jean-Marie Michel Mokoko.

Membre d’une milice anti-balaka à Bangui, le 24 février 2014. © AFP

Membre d’une milice anti-balaka à Bangui, le 24 février 2014. © AFP

Publié le 26 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

"Désormais, nous considérons les anti-balaka comme des ennemis de la Misca. Et nous les traiterons en conséquence". Mercredi 26 mars dans un entretien à la radio privée centrafricaine Radio Ndeke Luka, le chef de la Misca, le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko a été très clair.

"Ils se permettent de tirer sur des gens qui sont venus ici pour essayer de mettre un terme à cette crise au bénéfice du peuple centrafricain dont ils font partie", a poursuivi le général, ajoutant : "nous les tenons pour responsables des attaques ciblées qui ont visé nos éléments ces derniers jours".

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Cette annonce, qui équivaut à une déclaration de guerre, est la conséquence directe du regain de violences constaté ces derniers jours à Bangui, où une vingtaine de personnes ont été tués.

Samedi et dimanche, des affrontements ont éclaté au PK-5 entre des groupes armés, opposant notamment des anti-balaka et des pillards à des musulmans encore retranchés dans ce secteur. Et dans la nuit de mardi à mercredi, des tirs sporadiques ont été entendus dans des secteurs de la ville où sont installés des anti-balaka, qui ont par ailleurs érigé des barricades sur certaines artères de la ville, perturbant la circulation.

Actes de destabilisation

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Près d’un an après le coup d’État du 24 mars 2013 et plus de deux mois après le départ du chef de la Séléka, Michel Djotodia, les forces internationales ont donc un nouvel ennemi : des milices d’autodéfense peu à peu récupérées politiquement et dont une partie mène aujourd’hui régulièrement des actes de déstabilisation reproduisant par endroit les méfaits de la Séléka.

L’approche du gouvernement lui a valu d’être accusé de collusion avec les milices.

Cette faction – bien équipée, composée notamment d’officiers des Forces armées centrafricaines et d’ex-membres de la garde présidentielle -, a pour coordonnateur politique Pierre-Édouard Ngaïssona, 46 ans. Président de la Fédération centrafricaine de football (FCF) et ancien ministre de François Bozizé, Ngaissona est aujourd’hui en fuite.

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Face à cette menace, les autorités centrafricaines, démunies de moyens financiers et militaires, tentent l’apaisement. Plusieurs leaders anti-balaka ont ainsi été nommés à des postes de responsabilités, comme le capitaine Joackim Kokaté (ministre Conseiller à la primature en charge du DDR, Désarmement, démobilisation, réinsertion), ou le commandant Charles Ngremangou (directeur de cabinet du ministre de la Défense). Ce dernier serait un collaborateur de longue date de Jean-Françis Bozizé, le fils de l’ancien président centrafricain, soupçonné par la France de manipuler les anti-balaka.

Une approche contestée par certains observateurs et qui a valu au gouvernement d’être accusé de collusion avec ces milices. "Comment expliquer que l’arrestation de Ngaïssona [un temps annoncée par la Misca, NDLR], tarde tant ? Ou que la petite dizaine de leaders anti-balaka arrêtés en février se soient si facilement évadés de la prison de Ngaragba ?", s’interroge un diplomate africain.

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Par Vincent DUHEM

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