Nigeria : l’armée et Boko Haram accusés de crimes de guerre par Amnesty International
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité, les accusations d’Amnesty International contre les insurgés islamistes de Boko Haram et l’armée nigériane sont lourdes. L’ONG a exhorté dimanche la communauté internationale à réagir et à diligenter des « enquêtes rapides et indépendantes ».
Le conflit entre le groupe jihadiste Boko Haram et les forces de sécurité nigérianes dans le nord-est du pays continue de charrier son lot de victimes. Dans un communiqué rendu public dimanche soir, Amnesty estime que plus de 1500 personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans une recrudescence de ces violences dans le nord-est du pays, épicentre de la crise.
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L’ONG juge que la hausse "alarmante" du niveau de violences dans le nord-est du pays a transformé la crise en "situation de conflit armé, non international, dans lequel toutes les parties violent le droit humanitaire international". Amnesty International s’inquiète notamment des informations faisant état des exécutions sommaires de centaines de personnes suspectées d’appartenir à Boko Haram après une évasion massive d’une prison le 14 mars.
L’inexorable montée en puissance de Boko Haram
"La communauté internationale ne peut continuer de regarder ailleurs face aux exécutions extrajudiciaires, aux attaques contre des civils et à d’autres crimes commis à une grande échelle", a déclaré Netsanet Belay, responsable du bureau de recherches sur l’Afrique d’Amnesty International. Selon lui, l’intensification du conflit et la déferlante de victimes – la moitié serait des civils – obligent "la communauté internationale à assurer des enquêtes rapides pour vérifier si certains actes ne constituent pas des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité".
De son côté, l’armée nigériane assure que la contre-offensive lancée à partir de mai 2013 dans trois États du nord-est du Nigeria s’est avérée efficace, en isolant les insurgés et en les privant de leur armement et de leurs munitions. Des déclarations qui contrastent avec la série d’attaques meurtrières menées par Boko Haram depuis début janvier contre des villages isolés, un pensionnat, des églises et d’importantes installations de l’armée.
Dimanche 30 mars, une tentative d’évasion a même eu lieu dans le QG des services de renseignements intérieurs (DSS), à Abuja, la capitale fédérale. 21 détenus ont été tués au cours de l’attaque, dans laquelle Boko Haram serait selon toute vraisemblance impliqué, et qui s’est déroulé à proximité directe de la présidence.
Cette succession d’assauts, de plus en plus osées et impavides, révèlerait aux yeux de nombreux observateurs l’incapacité des autorités à endiguer l’inexorable montée en puissance de l’insurrection islamiste.
"Un tournant crucial"
Amnesty International estime ainsi que l’assaut du 14 mars contre la caserne militaire de Giwa à Maiduguri, à l’origine de la libération de centaines de membres de Boko Haram, a constitué "un tournant crucial" en raison de la "répression brutale" des militaires visant des détenus après l’attaque.
Selon l’ONG, il y a des "indices crédibles" indiquant que plus de 600 personnes, la plupart des détenus non armés et rattrapés, ont été sommairement tués à travers Maiduguri alors que l’armée reprenait le contrôle de la situation. Des images satellites ont même suggéré l’existence de ce qui pourrait être trois grandes fosses communes dans la ville.
Dans un autre incident, rapporté par un témoin, 200 autres prisonniers échappés ont été capturés par des vigiles civils et remis aux militaires. Lesquels ont rapidement fait feu sur eux. 198 victimes auraient été dénombrées.
Deux massacres pour lesquels les victimes avaient affirmé ne pas être des combattants, note Amnesty International.
L’ONG a appelé l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao), présidée par le Nigeria à partir d’avril, à contribuer à mettre fin à ce conflit qui dure depuis 2009 et a fait des milliers de morts.
(Avec AFP)
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