Cinéma : Vues d’Afrique, 30e, action !

La 30e édition du festival de cinéma africain et créole de Montréal, Vues d’Afrique, se tient du 25 avril au 4 mai. Rencontre avec la comédienne Dorothy Rhau et l’animateur de radio et de télévision Philippe Fehmiu, parrains de l’événement.

Affiche de la 30e édition du festival Vues d’Afrique. © DR

Affiche de la 30e édition du festival Vues d’Afrique. © DR

Publié le 25 avril 2014 Lecture : 5 minutes.

Jeune Afrique : Que représente le festival Vues d’Afrique à vos yeux ?

Dorothy Rhau : Vues d’Afrique c’est une grande célébration du 7e art africain et créole à Montréal. Vue générale sur la politique, les enjeux, les mœurs, la culture, les tabous, la peur, le courage, la tristesse, la joie… Mille mots ne suffisent pas pour vous décrire ces images des pays créoles et d’Afrique projetées pendant dix jours à Montréal.

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Philippe Fehmiu : C’est un carrefour qui permet de nourrir la culture, qui permet à la jeunesse africaine et créole de montrer son talent. Vues d’Afrique, c’est l’exposition du génie créateur. C’est un univers de diversité cinématographique et artistique qui donne l’occasion aux Québécois de voir autre chose que ce qu’il y a chez eux.

Vous êtes marraine et parrain de cette trentième édition de Vues d’Afrique. Pourquoi avez-vous accepté ?

D.R. : Vues d’Afrique a accompli un exploit… 30 ans de diffusion de cinéma africain et créole. Ce qui fait de lui le plus grand festival de films africains hors du continent. C’était une invitation que je ne pouvais décliner. Le festival joue un rôle important en Amérique, celui d’être une grande et magnifique fenêtre permettant d’éclairer des perceptions et offrant un regard différent sur l’Afrique et les pays créoles mais également sur leur industrie du cinéma. En acceptant d’être marraine, je tenais à contribuer, à participer à l’émergence du cinéma africain et créole.

P.F. : Pour moi, il est important que la population se déplace et se mette dans un contexte d’échange, de richesse et de découverte avec des réalités loin de Montréal. Vue d’Afrique est une possibilité pour les Québécois d’apprendre de la riche diversité culturelle de leur pays. C’est une fierté de porter haut le flambeau d’un tel événement. Plus petit, mon père me traînait de force à Vues d’Afrique, je constatais que le public du festival n’était qu’afro-québécois. Aujourd’hui, il y a des Québécois "de souche" qui y participent, je veux qu’il y en ait encore davantage. Il y a encore un clivage, je veux pouvoir changer cela. C’est la principale raison pour laquelle j’ai accepté de parrainer ce festival.

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Quelle est la particularité de cette 30e édition, en quoi diffère-t-elle des précédentes ?

D.R. : Chaque année à sa particularité. Chaque année, il y a eu des parrains de renoms, une programmation béton. Mais cette année monte la barre plus "Rhau" ! [rires]. On ouvre en force le festival avec le film d’animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, "Aya de Yopougon". On termine avec le documentaire sur Rachel Mwanza, "Rachel, la Star aux pieds nus" où le public aura le merveilleux privilège d’échanger avec l’actrice et le réalisateur. On ne peut passer à côté de la politique, avec des films comme "Assistance Mortelle" de Raoul Peck, ou "Laurent Gbagbo : Despote ou Anti-Néocolonialiste" de Said Mbombo Penda.

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Cette 30e édition correspond aussi au triste anniversaire du génocide du Rwanda avec "Les Hommes Debout" de Patrick Watkins, "Rwanda, l’Enquête manipulée" de Catherine Lorsignol, Philippe Brewaeys. Ce festival sera célébré principalement à Montréal mais il y aura aussi des événements à Québec et Ottawa, capitale du Canada, pour ce 30e anniversaire.

P.F : 30 ans c’est l’année de la maturité. C’est la particularité de cette édition. On a des artisans, des programmateurs qui ont développé une certaine aisance et une expérience du festival, cela rassure. Ce qui m’attire moi, ce sont les films comme "Message musicaux" de Cornelia Strasser. Le mixage y est très important. On voit que la musique est bouleversée et que c’est le reflet de la population, du tissu social.

Cela fait 30 ans que "Vues d’Afrique" existe. Qu’est ce qui explique cette longévité ?

D.R.: À mon avis, c’est un festival qui a su par sa programmation acquérir ses lettres de noblesses auprès du public québécois, qui, année après année, regarde ses films. Sans ces spectateurs, le festival n’aurait pas vécu 30 ans. Je leurs dis merci aux noms de monsieur Gérald Le Chêne et de madame Géraldine Le Chêne !

P.F. : C’est simple. C’est un travail de longue haleine dû à la volonté du fondateur Gérald Le Chêne et à celle de sa fille Géraldine qui a pris le flambeau. C’est une œuvre transmise par un père à sa fille. La deuxième raison, c’est la volonté de personnes qui se nourrissent d’altérité, de diversité, de gens qui tendent le bras vers l’autre. Le festival grandit et les québécois sont de plus en plus nombreux à s’y intéresser. Enfin, il y a les festivaliers, toujours aussi nombreux et déterminés à défendre cet évènement. C’est pourquoi cette année, Vues d’Afrique se déplace dans d’autres villes du Québec pour  passer le message.

Durant toutes ces années, le festival s’est toujours tenu au Québec. Pourquoi ne pas déplacer une édition en Afrique ?

D.R. : L’Afrique regorge de nombreux talents qui participent à l’émergence du cinéma africain. Je peux d’ores et déjà vous répondre qu’il existe, une étroite collaboration avec le Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou).

P.F. : C’est un vaste chantier. Vues d’Afrique a des partenaires ici au Québec et dans d’autres pays. La question a déjà été évoquée mais Géraldine Le Chêne est mieux placée pour aborder ce sujet.

Quel a été l’impact du festival sur la culture et les cinémas africains et créoles ?

D.R. : Si par impact vous entendez promotion du cinéma africain au Québec, Vues d’Afrique contribue à déconstruire une image misérabiliste de tout un continent projeté à travers certains médias. Alors, il est clair que ce festival a permis de faire connaître la culture africaine et créole d’ici et d’ailleurs.

P.F. : Vue d’Afrique est une courroie de transmission très important du tissu culturel québécois et africain. À travers ce festival, plusieurs artistes ont été découvertes et ont ainsi réussi à faire du chemin depuis.

Quelle sera la touche personnelle que vous allez apporter à cette édition ?

D.R. : Ma touche Dorothy Rhau, c’est la femme issue de deux continents, qui travaille à construire des ponts entre les pays dits du Nord et ceux dits du Sud. Bien humblement, j’espère pouvoir amener les gens à poser une réflexion empreinte d’humour et d’audace.

P.F. : Cette année, je promets de porter la voix de Vues d’Afrique aussi loin qu’il le faudra. Je suis à Radio Canada et je vais en parler tous les jours pour m’assurer de remplir les salles. Je vais m’assurer d’une audience prometteuse. Ce sera ma touche personnelle.

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