Camille Lepage, la mort en face

Le corps de Camille Lepage, assassinée en Centrafrique, est arrivé en France vendredi. La jeune photojournaliste de 26 ans se distinguait par son talent et son courage. Elle l’a payé de sa vie.

La photojournaliste Camille Lepage. © AFP/FRED DUFOUR

La photojournaliste Camille Lepage. © AFP/FRED DUFOUR

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Publié le 16 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Il y a d’abord eu une rumeur, puis des informations inquiétantes, avant qu’un communiqué de l’Élysée ne confirme la nouvelle. Camille Lepage, photojournaliste française de 26 ans, a été retrouvée morte le 13 mai au petit matin par une patrouille de l’opération Sangaris, près de Bouar, dans l’ouest de la Centrafrique. Son corps a été découvert dans un véhicule conduit par des anti-balaka. Pour le moment les criconstances précises de sa mort restent inconnues.

En Centrafrique, elle était arrivée en septembre 2013, Camille Lepage avait collaboré avec de nombreux médias, dont Jeune Afrique. Nous l’avions croisée en décembre de la même année, peu après l’attaque de Bangui par les anti-balaka. Elle était marquée par l’horreur qui avait suivi, racontait la tournée macabre des hôpitaux, le décompte des victimes dans les morgues, les cadavres étendus par centaines devant l’Assemblée nationale.
Camille n’était pas droguée à l’adrénaline. Consciente du danger, elle l’acceptait sans le rechercher. Sur le terrain, elle était discrète, à l’écoute et, surtout, talentueuse. 

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Camille Lepage avait réalisé un reportage pour Jeune Afrique en décembre 2013. En voici quelques extraits, reproduits avec l’autorisation de son collectif, Hans Lucas.

Un après-midi, nous avions rencontré Nourredine Adam, numéro deux de l’ex-Séléka et symbole de la dureté du régime de Michel Djotodia. Dans l’hôtel Ledger, à Bangui, elle avait dirigé la séance photo avec autorité : "Par ici M. Adam", "par-là"… Gilet pare-balles, petit calibre sous la veste, il s’était exécuté sans broncher.

Magnifique

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Depuis une semaine, elle accompagnait une milice anti-balaka. Pas une heure ni une journée, mais au quotidien, pour comprendre et raconter comment ces groupes d’autodéfense ont pu basculer dans la violence aveugle. Elle était partie seule, loin des sentiers battus mais au cœur du conflit qui ravage la Centrafrique. On avait pu apercevoir les premiers clichés de son reportage sur son compte Instagram. La dernière photo mise en ligne date du 6 mai. Cinq anti-balaka posent sur une piste ocre encore humide. Au centre, l’un d’eux fixe l’objectif. Au loin, une brume épaisse ressemble à une barrière infranchissable. Elle est magnifique de proximité et de dénuement.

Nos pensées vont à ceux qui pleurent Camille. Sa famille, ses amis, et tous ceux qui ont eu le bonheur de la côtoyer.
 

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