Mohamed Abdelaziz : « La Libye n’est pas que le problème, elle est aussi la solution »
Présent au 23e sommet de l’Union africaine à Malabo, en Guinée équatoriale, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, a répondu aux questions de « Jeune Afrique ».
À Malabo, la délégation libyenne est en effectif réduit pour ce 23e sommet de l’Union Africaine. Deux fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et l’ambassadeur de Libye en Guinée équatoriale accompagnent le chef de la diplomatie Mohamed Abdelaziz. Alors que les élections législatives se tiennent le 25 juin, le ministre continue de mener une diplomatie active, toujours certain que la solution jaillira d’une meilleure coopération régionale.
Jeune Afrique : Qu’attendre de la participation de la Libye à ce 23e sommet de l’Union Africaine ?
Mohamed Abdelaziz : Notre présence à Malabo est nécessaire pour agir sur les plans de la sécurité et du développement. Nous avons notre mot à dire sur ces sujets brûlants qui concernent le continent inquiet par la profusion des crises et des opérations terroristes. Nous continuons également à nous impliquer dans les discussions sur la vision de l’Union africaine telle que définie dans l’Agenda 2063, et à être force de proposition quant à sa mise en oeuvre.
Parmi les crises qui secouent le continent et qui sont abordées au cours de ce sommet, l’évolution de la situation en Libye continue de préoccuper les dirigeants des États africains. Qu’attendez-vous de l’UA ?
La Libye est considérée comme une partie du problème du terrorisme, qui désormais s’étend bien au-delà de la zone sahélo-saharienne. Et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA l’a exprimé à nouveau lors de 436e réunion le 23 mai dernier. Mais elle fait aussi partie de la solution. Ce que nous attendons de l’UA, c’est d’abord un soutien politique de l’organisation et des États-membres. Je salue la nomination le 12 juin par la présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, d’un envoyé spécial de l’UA en Libye. Il s’agit de l’ancien premier ministre djiboutien Dileita Mohamed Dileita. Je travaille actuellement à ce que les envoyés spéciaux en Libye, nommés par des États et des organisations internationales, se réunissent pour pouvoir agir.
Quid de votre relation diplomatique avec l’Égypte d’Abdel Fatah al-Sissi qui fait son retour à l’UA lors de ce sommet ?
Notre collaboration est étroite et privilégiée car ce qui se passe en Égypte impacte la Libye, et vice et versa. Le leadership de Sissi va servir la Libye et la nomination de mon nouvel homologue et ami Sameh Goukri contribuera à renforcer notre diplomatie régionale. D’ailleurs, l’Égypte accueillera, après le ramadan, la troisième conférence régionale sur la sécurisation des frontières. Concernant Sissi, certains ont qualifié sa prise de pouvoir de coup d’État. Pas moi. Et ma position est claire. L’arrivée de Sissi au pouvoir a été une réponse nécessaire à la demande de la majorité des Égyptiens qui ont manifesté contre les Frères musulmans.
L’Égypte de Sissi soutient-elle l’opération anti-terrorisme "Dignité" menée dans l’est libyen par Khalifa Haftar ?
Sissi ne s’est jamais prononcé pour ou contre Haftar à ma connaissance. Khalifa Haftar n’a ni le soutien du gouvernement ni du Congrès général national (CGN, Parlement). Son initiative militaire soutenue par une frange majeure de l’armée jouit d’un certain soutien politique mais accentue également des divisions. Car certains pensent comme lui qu’il faut faire la guerre aux terroristes, d’autres qu’il faut négocier tandis que certains estiment que la sécurité et l’usage de la force devrait être l’apanage du gouvernement et d’une armée nationale…
>> Lire aussi : fin de partie pour le Libyen Ahmed Abou Khattala
Les forces algériennes sont-elles intervenues dans l’ouest libyen ?
Je suis en contact régulier avec mon homologue algérien et nous nous sommes encore entretenus ce 24 juin en marge du sommet de l’UA. Il m’a répété qu’il n’y avait pas eu d’opérations sur le sol libyen. Mais ils ont décidé d’opérer un renfort important de leur contingent à la frontière pour éviter toute pénétration de terroristes. Et nous soutenons ces efforts pour sécuriser la frontière.
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Propos recueillis par Joan Tilouine
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