Sommet de l’UA : le terrorisme au coeur des préoccupations des chefs d’État africains
Le 23e sommet de l’Union africaine (UA) s’est ouvert jeudi dans la matinée. Durant la cérémonie, plusieurs dirigeants se sont succédé à la tribune de l’UA à Malabo en Guinée équatoriale. Si « Agriculture et sécurité alimentaire » est le thème officiel du sommet, c’est bien le terrorisme et les menaces sécuritaires qui préoccupent les chefs d’État africains.
Mis à jour le 25 juin, à 16H30.
Jusqu’au dernier moment, le mystère planait sur la participation, jeudi 26 juin, de certains chefs d’État à ce 23e sommet de l’Union africaine, à Malabo. Au final, nombre d’entre eux ont répondu présent : Paul Biya, Ali Bongo, Paul Kagamé, Blaise Compaoré, Idriss Déby, Jacob Zuma, Ibrahim Boubacar Keïta ou encore Moncef Marzouki.
>> Lire aussi : programme chargé pour le 23e sommet de l’Union africaine
Quant à Alassane Ouattara, Omar el-Béchir et Eduardo Sos Santos, ils font partie des grands absents. Mais deux États font leur retour dans l’organisation: la Guinée Bissau et l’Égypte.
Appelé à la tribune, le nouveau président égyptien élu début juin, Abdel Fatah al-Sissi, a été accueilli par des applaudissements appuyés de l’assemblée. L’ex-maréchal n’a pas eu de peine à conquérir la salle en énumérant les héros des luttes de libération africaine, de Nasser à Nelson Mandela. Un discours qui a eu un écho particulier après qu’ait été lu un message du président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a cité feu Yasser Arafat et insisté sur la "solidarité fraternelle des pays africains" pour mettre "aux actions injustes d’Israël, pire que l’apartheid". Al-Sissi ayant lui aussi émis son soutien à la création d’un État palestinien.
"Faire taire les armes d’ici 2020"
Après avoir martelé la légitimité de "la révolution populaire du 30 juin" en Égypte, assuré l’UA de la volonté du Caire à jouer pleinement son rôle en terme de développement et de maintien de la paix, il a mis en garde contre les dangers du terrorisme "qu’il faut condamner fermement".
Car, dès les travaux préparatoires du sommet – dont le thème officiel est "agriculture et sécurité alimentaire" et qui s’achèvera vendredi – chefs d’États et ministres ont ouvertement fait part de leur inquiétude grandissante face à la poussée des groupes jihadistes sur le continent, et de la nécessité de lutter contre un terrorisme nourri d’extrémismes religieux.
La présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a souligné le "besoin de paix et de sécurité" pour pouvoir mettre en oeuvre le programme de développement et d’agriculture. "Faire taire les armes d’ici 2020, voilà la priorité pour que les populations puissent cultiver la terre", explique-t-elle.
Avant de rejoindre cette cérémonie d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a de son côté piloté une réunion informelle entre Ali Bongo et son homologue de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, sur le conflit territorial entre les deux voisins. À la tribune, dans la grande salle du centre de conférence de Sipopo, il a appelé les présidents africains à se montrer "intransigeants et fermes" pour ne pas accueillir sur leur sol des chefs de guerre, rebelles ou chefs d’État déchus visés par des sanctions de l’ONU.
Puis, il a passé en revue quelques-unes des crises qui préoccupent l’ONU et l’UA, de la Somalie où doit se dérouler l’élection présidentielle en 2016, à la Centrafrique où les deux organisations collaborent pour le transfert de la Misca vers la Minusca en septembre 2014, en passant par la crise au Soudan du Sud.
Concernant la situation au Mali, "j’exhorte toutes les parties prenantes au conflit malien à se réunir immédiatement et sans conditions préalables pour négocier une paix durable" avec les groupes armés du nord, a-t-il intimé.
>> Lire aussi : le dialogue inter-malien "en passe d’aboutir", selon Alger
Conseil de paix et de sécurité (CPS), un anniversaire en demi-teinte
Pas un mot, cependant sur l’architecture sécuritaire de l’UA. Mais une réunion s’est tenue la veille et deux nouveaux États se sont portés volontaires pour intégrer la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric) : le Burkina Faso et l’Égypte.
Mercredi, l’UA célébrait par ailleurs, dans la grande salle du centre de conférence de Sipopo à Malabo, le 10e anniversaire du Conseil de paix et de sécurité (CPS), "l’une des plus belles initiatives de l’UA", selon Idriss Déby. Une flamme de la paix a été allumée pour l’occasion en guise de symbole. Un symbole toute fois ternis par le fait que la recrudescence des conflits au cours de cette décennie en Afrique.
"Les Africains doivent unir leurs forces pour la paix", a déclaré l’Algérien Smail Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité. Le président en exercice de l’UA, Mohamed Ould Abdel Aziz, a quant à lui appelé les chefs d’État à "prendre en main la sécurité du continent" et a insisté sur le besoin "de plus d’efforts pour une Afrique sans conflits".
Dépassant largement les quatre minutes de temps de parole octroyés "tant la crise est grave", le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a de son côté rendu un hommage appuyé au Rwanda, à l’Éthiopie au Burundi et au Kenya qui ont envoyé des contingents sur le terrain et à la commission d’enquête de l’UA conduite par l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo.
"L’intervention du CPS est une belle réussite en Somalie mais le Mali est là pour nous rappeler les déficits graves", a déclaré le chef de la diplomatie nigérienne Mohamed Bazoum. Et d’ajouter: "le CPS est encore loin d’avoir atteint ses objectifs".
"En dépit du manque patent de financements des États membres, le dispositif d’intervention de l’UA se structure et la Force Africaine en attente (FAA) sera opérationnelle d’ici décembre 2015", a indiqué Smail Chergui. "Quatre brigades dont celle du nord sont prêtes", a-t-il rappelé tout en saluant les avancées d’Afripol, le mécanisme africain de coordination et de coopération des institutions policières, dont le siège est à Alger. "Une réunion ministérielle se tiendra en novembre 2014 en Zambie au sujet d’Afripol".
Sur la FAA, sur la Caric comme sur la résolution plus générale des crises qui minent l’Afrique, mais aussi sur le développement, les chefs d’État vont prendre le relai de leur ministre des Affaires étrangères pour deux journées de diplomatie africaine auxquelles participeront aussi les partenaires invités au dernier moment (chinois, canadiens, iraniens).
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