Le FBI a-t-il poussé des musulmans américains à commettre des attentats ?
Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch dénonce les pratiques abusives du FBI qui aurait incité des Américains musulmans à commettre des attentats, après le 11-Septembre. Les agents auraient avant tout ciblé des personnes vulnérables et psychologiquement fragiles.
Le FBI a "encouragé, poussé et parfois même payé" des musulmans américains pour les inciter à commettre des attentats. C’est ce qu’avance l’organisation de défense et de protection des droits humains Human Rights Watch (HRW) qui a rendu les conclusions de son enquête, lundi 21 juillet, en dénonçant des opérations clandestines, "montées de toutes pièces" après les attentats du 11-Septembre par la police judiciaire américaine.
D’après HRW, le FBI et le ministère américain de la Justice ont ciblé des musulmans américains dans des "opérations clandestines de contre-terrorisme abusives, fondées sur l’appartenance religieuse et ethnique".
Avec l’appui de de l’Institut des droits de l’homme de l’École de droit de l’Université de Columbia, HRW a étudié 27 affaires, de l’enquête au procès, en passant par l’inculpation et les conditions de détention. 215 personnes ont été entendues, qu’elles soient inculpées ou condamnées, ou des proches, des avocats, des juges et des procureurs.
Selon HRW, le FBI pourrait avoir insufflé des comportements terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste. L’organisation estime que la moitié des condamnations résultent de coups montés ou de guet-apens. Dans 30 % des cas, l’agent infiltré aurait joué un rôle actif dans la tentative d’attentat.
Des personnes souffrant de troubles mentaux
"On a dit aux Américains que leur gouvernement assurait leur sécurité en empêchant et en punissant le terrorisme à l’intérieur des États-Unis", a déclaré l’une des auteurs du rapport, Andrea Prasow. Mais regardez de plus près et vous réaliserez que nombre de ces personnes n’auraient jamais commis de crime si les forces de l’ordre ne les avaient pas encouragées, poussées, et parfois même payées pour commettre des actes terroristes", a-t-elle ajouté.
L’étude cite notamment les quatre de Newburgh, accusés d’avoir planifié des attentats contre des synagogues et une base militaire américaine. Dans cette affaire, le gouvernement avait, selon un juge, "fourni l’idée du crime, les moyens et dégagé la voie", transformant en "terroristes" de simples citoyens.
Selon HRW, le FBI a aussi souvent ciblé des personnes vulnérables, souffrant de troubles mentaux et intellectuels. Le rapport cite le cas de Rezwan Ferdaus, condamné à 17 ans de prison à 27 ans pour avoir voulu attaquer le Pentagone et le Congrès avec des mini-drones bourrés d’explosifs. Un agent du FBI avait dit de lui qu’il avait "de toute évidence" des problèmes mentaux, mais le plan avait été entièrement conçu avec le policier infiltré.
(Avec AFP)
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