Barack Obama : « Sur l’Afrique, nous devons faire beaucoup mieux »
Lors de son premier discours au sommet États-Unis-Afrique, mardi 5 août, le président américain a annoncé un renforcement de son plan Power Africa, porté à 26 milliards de dollars. Mais il a aussi reconnu que son pays avait pris du retard, notamment par rapport à la Chine, dans sa relation avec l’Afrique.
Ce n’était pas le Barack Obama, touché par la grâce, de la campagne présidentielle victorieuse de 2008. Ce n’était pas non plus le président inspiré qui avait prononcé, pour les funérailles officielles de Nelson Mandela, le 10 décembre dernier, le plus beau discours de la journée. Ce n’était même pas le leader enthousiaste qui déclarait, devant les jeunes entrepreneurs africains il y a une semaine, que le continent serait la "prochaine success story".
"Plus le même enthousiasme"
Devant les chefs d’État et de gouvernement africains, réunis pour un Forum des affaires à l’hôtel Mandarin Oriental de Washington, mardi 5 août, Obama aura livré un discours plutôt sobre. Il est certes apparu, comme à son habitude, très détendu – il s’est même payé le luxe d’improviser un entretien avec un jeune web-entrepreneur zimbabwéen de 21 ans, Takunda Chingonzo. Malgré tout cela, "Obama ne suscite plus le même enthousiasme qu’il y a quelques années", constatait un membre d’une délégation d’Afrique centrale, dans les couloirs de l’hôtel.
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Barack Obama s’est en tout cas montré grave à certains moments, l’état des relations économiques entre l’Afrique et les États-Unis étant peu propice aux réjouissances. "Notre commerce avec l’Afrique dans son ensemble est seulement équivalent avec notre commerce avec le Brésil – un seul pays, a déploré le président américain. De tous les biens que nous exportons dans le monde, seul 1% va vers l’Afrique subsaharienne. Donc nous avons beaucoup de travail à faire. Nous devons faire mieux. Beaucoup mieux."
15 milliards de dollars de contrats privés
Sans jamais la nommer, c’est bien sûr la Chine qui était désignée comme le principal concurrent. "Les États-Unis sont déterminés à être un partenaire pour le succès de l’Afrique – un bon partenaire, un partenaire à égalité et un partenaire pour le long terme, a-t-il lancé. Nous ne nous tournons pas vers l’Afrique seulement pour ses ressources naturelles. […] Nous ne voulons pas simplement extraire des minerais du sol pour notre croissance. Nous voulons bâtir de véritables partenariats qui créent des emplois et des opportunités pour nos peuples."
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Le président américain a en outre affiché une ambition certaine pour les prochaines années, avec notamment une annonce phare : la réévaluation de son plan Power Africa pour l’électrification du continent. "Nous avons mobilisé un total de 26 milliards de dollars", a-t-il déclaré, précisant que ce montant incluait les promesses d’investissements d’autres partenaires, comme les 5 milliards de dollars de la Banque mondiale, annoncés plus tôt dans la journée. Barack Obama a en outre annoncé la signature de contrats privés d’une valeur de 15 milliards de dollars dans les secteurs de l’énergie, de l’aéronautique, de la finance et du BTP.
Mais le président américain n’en a pas fait mystère : il a les mains en partie liées par une classe politique américaine peu enthousiaste. Il est ainsi dépendant du Congrès pour obtenir la reconduction de l’African growth and opportunity act (Agoa), qui expirera en 2015, et de la Banque d’import export américaine (ExIm Bank). "J’ai bon espoir que nous pourrons travailler avec le Congrès pour renouveler et moderniser l’Agoa, avant qu’elle expire, pour le long terme, a-t-il déclaré. Nous avons besoin de réussir cela".
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Pierre Boisselet, envoyé spécial à Washington
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