Carte interactive – Mali : la Minusma et les forces françaises en terrain miné

Ces dernières semaines, les jihadistes du nord du Mali ont fait de l’utilisation des mines et engins explosifs improvisés leur mode d’action privilégié. Grâce à notre carte interactive, découvrez où ces armes discrètes et dévastatrices ont infligé d’importants dégâts dans les rangs des forces internationales.

Des soldats de la Minusma dans le nord du Mali. © AFP

Des soldats de la Minusma dans le nord du Mali. © AFP

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Publié le 25 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Rarement N’Djamena avait officiellement haussé le ton de la sorte. Vendredi 19 septembre, le gouvernement tchadien publiait un communiqué virulent dans lequel il s’insurgeait que ses soldats "servent de bouclier aux autres forces de la Minusma (la force de l’ONU au Mali, NDLR) positionnées plus en retrait". La veille, cinq d’entre eux perdaient la vie et trois autres étaient gravement blessés au passage de leur véhicule sur un engin explosif improvisé (EEI) dans les environs d’Aguelhok, au nord du Mali.

Cet attentat visant les Casques bleus tchadiens est le troisième en deux semaines. Les 2 et 14 septembre, deux attaques similaires, dans la même région, avaient respectivement fait quatre et un mort, ainsi que de nombreux blessés.

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Le phénomène n’est certes pas nouveau. Avant même le début de l’opération Serval, en janvier 2013, les groupes terroristes avaient dissimulé des mines ou des engins explosifs improvisés dans le désert malien, poussant les forces françaises à prendre leurs précautions dans leur reconquête du Nord. Mais depuis le mois de juin, les militaires français et ceux de la Minusma ont noté une nette recrudescence de ce mode d’action. Ainsi, selon un bilan fourni par l’ONU, 21 Casques bleus ont été tués par des engins explosifs au Mali depuis le début de la mission, en juillet 2013. Plus de la moitié d’entre eux – onze, dont dix Tchadiens – ont perdu la vie entre le 30 juin et le 18 septembre dernier.

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"Saboter le processus de paix"

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"Il n’y a guère de doutes : cette escalade est liée à la reprise des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés à Alger, affirme Radia Achouri, la porte-parole de la mission onusienne. Les terroristes veulent saboter le processus de paix." À Paris, on confirme cette tendance mais on se montre moins bavard sur le sujet."Nous avons été touchés trois fois au mois d’août par des mines dans les environs de Kidal, Aguelhok et Tessalit, glisse une source au ministère de la Défense. Heureusement, nous n’avons déploré aucun blessé et enregistré que des dégâts mineurs."

Malgré les dures frappes subies lors de Serval, les groupes jihadistes sont encore actifs dans le nord du Mali, menant régulièrement des actions de guérilla contre leurs ennemis. "L’usage de mines ou d’engins explosifs improvisés rentrent parfaitement dans cette logique, décrypte Laurent Touchard, expert militaire et collaborateur de Jeune Afrique. Ils permettent de faire de gros dégâts, à distance, et de semer une certaine terreur."

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Ces armes redoutables sont généralement enfouies sous terre en pleine nuit par les terroristes, qui les placent sur les routes empruntées par les convois onusiens ou français, et parfois même à quelques centaines de mètres seulement des camps de la Minusma.

>> Lire aussi Comment les jihadistes vont mener la guérilla dans le Nord-Mali

Autres victimes : les civils

Fabriqués à partir d’explosifs civils ou militaires (obus, roquettes, bombes aériennes…), dont les charges peuvent monter jusqu’à 1,5 tonne, les EII sont souvent déclenchés à distance grâce à des téléphones portables. Contrairement aux Français, les Casques bleus ne sont pas dotés de systèmes de brouillage et sont donc beaucoup plus vulnérables face à cette menace. Les mines ont aussi tendance à se multiplier ces dernières semaines dans le désert malien. Provenant de Libye ou du Tchad, elles sont nettement plus simples d’utilisation : il "suffit" de creuser un trou et d’y dissimuler la mine. La moindre pression exercée en surface fait ensuite exploser sa charge.

Les soldats de la Minusma et les Français ne sont pas les seules victimes de cette augmentation du nombre d’engins explosifs dans le nord du Mali. Plusieurs sous-traitants maliens travaillant pour la mission onusienne ont été blessés en juin et septembre près d’Aguelhok. Et le week-end dernier, dans la nuit du 18 au 19 septembre, deux civils ont été tués dans la même zone, après que leur véhicule ait sauté sur une mine.

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Benjamin Roger

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