Centrafrique : la justice française ouvre une enquête préliminaire sur François Bozizé

La justice française a récemment ouvert une enquête préliminaire à Paris après une plainte des autorités centrafricaines accusant l’ancien président François Bozizé de s’être constitué un riche patrimoine au préjudice de son pays.

L’ancien président de la Centrafrique François Bozizé à Bangui le 8 janvier 2014. © AFP

L’ancien président de la Centrafrique François Bozizé à Bangui le 8 janvier 2014. © AFP

Publié le 16 décembre 2014 Lecture : 2 minutes.

L’ex-président François Bozizé est dans le collimateur de la justice française. À la suite d’une plainte de la République centrafricaine déposée mi-novembre, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire à Paris contre l’ancien président, suspecté de s’être constitué un riche patrimoine au préjudice de son pays.

La plainte vise notamment un ensemble de propriétés immobilières en France appartenant à François Bozizé, à son entourage ou à d’anciens alliés politiques, ainsi que des véhicules de luxe et des avoirs bancaires. Elle rappelle de précédentes affaires dites de "biens mal acquis" où des juges enquêtent sur les riches patrimoines en France de chefs d’États africains, comme Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) ou le défunt président gabonais Omar Bongo.

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Corruption

L’enquête est ouverte pour détournements de fonds publics, corruption d’agents publics étrangers et blanchiment de ces délits, a précisé une source judiciaire. Le parquet national financier a saisi l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) pour mener les investigations. "On se réjouit de cette première décision, rapide, d’ouvrir une enquête", a dit l’avocat de la Centrafrique dans ce dossier, Me William Bourdon.

Arrivé au pouvoir en 2003 après avoir renversé Ange-Félix Patassé, François Bozizé avait été lui-même chassé en mars 2013 par l’ex-rébellion Séléka, à dominante musulmane dans un pays très majoritairement chrétien. Après des mois de violences communautaires et interreligieuses, qui ont vu la France intervenir sous mandat de l’Onu, le chef des rebelles Michel Djotodia avait démissionné en janvier 2014, remplacé par une présidente de transition, la maire de Bangui Catherine Samba Panza.

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Pots-de-vin et contrats miniers

Selon une source proche du dossier, les autorités centrafricaines jugent, dans leur plainte, "fort probable (…) que ce patrimoine (de Bozizé) a été financé par des moyens illicites" et que les comptes bancaires ont "été alimentés par des revenus frauduleux". Selon cette source, la plainte évoque des pots-de-vin qui auraient pu être versés dans le cadre de contrats miniers et de cession de droits d’exploitation, dont l’un concerne Areva et la société minière Uramin.

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La plainte évoque aussi une commission qui aurait été versée au député-maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany, en rétribution d’une médiation dans un conflit entre Areva et les autorités centrafricaines. Sollicité lors du dépôt de plainte, Patrick Balkany n’avait pas donné suite. "Compte tenu de l’imbrication de plusieurs dossiers, d’autres décisions devront être prises", a estimé William Bourdon. Des juges sont en effet déjà saisis à Paris d’une enquête sur le patrimoine de Patrick Balkany et des investigations sont en cours sur le rachat par Areva de la société Uramin.

(Avec AFP)

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