Mgr Judes Bicaba, évêque burkinabè : « Après un incendie, les braises ne s’éteignent pas tout de suite »

Monseigneur Judes Bicaba préside depuis 2005 le diocèse de Dégoudou dans le nord du Burkina Faso. Il revient pour Jeune Afrique sur les évènements des 16 au 18 janvier au Niger, où 45 églises ont été incendiées et 10 personnes sont mortes lors de manifestations contre Charlie Hebdo.

Mgr Judes Bicaba en 2008 © René Mare

Mgr Judes Bicaba en 2008 © René Mare

Publié le 21 janvier 2015 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Comment vivez-vous ce qu’il s’est passé au Niger le week-end dernier ?

Mgr Judes Bicaba : C’est vraiment dommage ce qu’il s’est passé au Niger. C’est vraiment dommage que certains se soient laissés emporter par leurs passions, alors que la population avait l’habitude de vivre tranquillement ensemble. Ici au Burkina, on cohabite entre chrétiens et musulmans. Le pasteur et l’imam de la Grande Mosquée sont d’ailleurs mes voisins.

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Comment se fait-il que des églises aient été attaquées ?

"Ces derniers jours, les manifestants ont assimilé la religion catholique et la France. Ils ont fait un amalgame. Je ne vois pas d’autres raisons, car l’Église ne leur a jamais rien fait, elle s’est toujours montrée très ouverte, sans faire de distinction. Dans les écoles catholiques attaquées au Niger, il y avait des enfants musulmans."

>> Lire aussi : Pourquoi les manifestations anti-"Charlie Hebdo" ont été si violentes ?

Êtes-vous inquiet ?

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"Les choses vont se calmer. Il y a des autorités morales qui ne pensent pas comme certains manifestants. Elles vont essayer de raisonner ceux qui se sont emportés. Ces autorités doivent prêcher la paix et la réconciliation auprès de leurs fidèles. Mais il faut rester vigilant, après un incendie, les braises ne s’éteignent pas tout de suite."

Et vous, quel message délivrez-vous à vos fidèles ?

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"Le message de l’Église a toujours été le même : ce n’est pas avec la vengeance que l’on résout les problèmes. Aujourd’hui, j’attends que la paix revienne, qu’il y ait un sursaut fraternel dans le cœur des gens. Nous prions pour que le Seigneur apporte à tous le message que j’ai accueilli dans mon cœur, Dieu nous appelle à nous aimer les uns les autres, pas à nous bagarrer."

>> Pour aller plus loin : Le christianisme a le vent en poupe au sud du Sahara

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