Burkina Faso : Kafando fait machine arrière dans le dossier Sankara

Alors qu’il s’était maintes fois prononcé en faveur d’une réouverture rapide de l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara, le président de transition burkinabè Michel Kafando a publiquement fait marche arrière sur cette sensible affaire. Explications.

L’ancien président burkinabè Thomas Sankara. © AFP

L’ancien président burkinabè Thomas Sankara. © AFP

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Publié le 23 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Les responsables de la transition se sont-ils emballés sur le dossier Thomas Sankara ? Au lendemain de leur nomination aux postes de président et de Premier ministre, Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida, sans doute portés par l’enthousiasme révolutionnaire ambiant, avaient multiplié les déclarations publiques au sujet de la réouverture prochaine de l’enquête sur l’assassinat de l’ex-président burkinabè.

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Quelques semaines plus tard, le vent de justice qui tourbillonnait autour de la tombe de "Tom’ Sank’" semble être retombé. Jeudi 22 janvier, alors qu’il s’exprimait devant des patrons de presse du pays, le président Kafando a douché les espoirs des sankaristes et d’une bonne partie de la population, qui attend depuis 27 ans la vérité sur la mort du héros national. "Je crois qu’il y a eu une incompréhension entre le gouvernement et la famille Sankara", a lâché le président Kafando à propos d’une récente lettre ouverte des avocats de la famille pressant les autorités de "procéder sans délai à la réouverture du dossier", enterré pendant de longues années par le régime de Blaise Compaoré.  

Réouverture de la tombe de Sankara

"À l’évidence, la famille a des problèmes à faire ces investigations, a poursuivi le chef de l’État. Mais il ne faut pas trop vous attendre à ce que ce soit la transition qui commence les expertises ! C’est à la famille d’engager les procédures pour qu’ensuite le gouvernement l’accompagne et l’aide à identifier le corps." En clair : c’est aux proches de Sankara et non au régime de transition de relancer le complexe processus judiciaire. Un de ses principaux enjeux est la réouverture de la tombe de Sankara, à Ouagadougou, pour expertiser le corps et vérifier qu’il s’agit bien de celui de l’ex-capitaine révolutionnaire.

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"Zida et Kafando ont fait tout un tas de promesses sur les dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo. Ces annonces ont été très populaires mais tout laisse penser qu’elles ne resteront qu’au stade de déclarations", analyse sans détour une source diplomatique à Ouagadougou. Même son de cloche du coté du ministère de la Justice, où l’on affirme en privé que ces affaires sensibles seront ouvertes mais pas clôturées par le régime de transition.

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Benjamin Roger

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